Comédie humoristico-satirique écrite et mise en scène par Bénédicte Rossato, avec Adélie Duteil-Dupuis, Salomée Robard, et Bénédicte Rossato.
Dédiée au travail du clown et du jeu gestuel, la Compagnie des Enfants perdus fondée par l'auteure, comédienne et metteuse en scène Bénédicte Rossato propose un spectacle de son crû intitulé "De nos propres Elles" qui invite à aborder de manière humoristico-satirique la condition féminine.
L'affiche au graphisme de la réclame des années 1950 annonce la temporalité et la couleur, celle de l'archétype de l'idéale femme au foyer pour qui le mariage constituait le seul avenir satisfaisant ainsi aux postulats patriarcaux et sociétaux.
Bénédicte Rossato a concocté une plaisante comédie en ne versant pas dans la profération féministe mais, et de manière plus subtile, en procédant à une déconstruction en creux à partir d'une situation ordinaire, celle de l'attente du retour du mari habituellement en retard qui est fantasmé comme dû à un accident fatal.
Et l'épouse bien conditionnée n'envisage le futur que comme celui d'un nouveau mariage pour lequel elle doit mettre tous les atouts de son côté avant d'être effleurée par le vent de l'émancipation et de la liberté. Bénédicte Rossato a également eu la bonne idée décomposer le type générique en ses trois composantes - la "Bonne épouse", la "Bonne maîtresse de maison" et la "Bonne mère" - pour illustrer les diktats sociétaux érigés en vertus et permettre de confronter divers questionnements et points de vue.
Ainsi dans un salon-salle à manger vintage, après une pétulante introduction musicale avec le titre "Amoureux de ma femme" de Richard Anthony, devisent avec humour trois pimpantes vêtues à l'identique à la Dior, turban dans les cheveux, robe corolle rose à pois blanc et gants immaculés : Salomée Robard, en chantre de l'organisation domestique, Adélie Duteil-Dupuis en figure maternelle, et Bénédicte Rossato en sexy girl.
Sous la direction de cette dernière qui, formée à l'Ecole nationale Jacques Lecoq, assure, ponctuée de gais et judicieux intermèdes enchantés tel "Poupée de cire, Poupée de son", une mise en scène virevoltante et quasi chorégraphique faisant la part belle à la dramaturgie gestuelle, cet épatant trio dispense un divertissant et savoureux pamphlet. |