Je poursuis mes lectures de la rentrée littéraire aux éditions de l’Olivier avec la lecture d’un auteur que je ne connaissais pas qui traite d’un pays et de son histoire assez fascinante. Ce pays, c’est le Liban, racontée par Sélim Nassib, un journaliste, scénariste et écrivain qui est né à Beyrouth juste après la Seconde Guerre mondiale.

Youssef, le personnage principal de l’ouvrage vit à Beyrouth dans un monde imprégné de sensualité et de mystère aux côtés de son père joueur de poker et de sa mère, particulièrement timide. Les mélodies de l’hébreu qu’il entend chez lui se mêlent aux sonorités de la rue arabe. La crise de Suez n’est encore qu’une lointaine rumeur. Ce qui l’occupe, c’est l’éveil au sexe, le tumulte de peur et de désir qu’il sent monter en lui.

Vingt ans après, en mai 68, il s’engage en politique pour rencontrer des filles. Mais l’histoire le prend très vite au sérieux. Il se retrouve en prison et découvre qu’une véritable guerre civile couve dans les entrailles.

Lorsque l’armée israélienne envahit le Liban pour chasser les combattants palestiniens, il quitte Paris où il est devenu journaliste et revient à Beyrouth "couvrir" de l’intérieur le siège de sa ville. Dans les rues dévastées et les immeubles éventrés par la guerre se renouent les fils de son destin.

C’est vraiment un très bel ouvrage centré sur l’histoire du Liban que nous propose Sélim Nassib qui a choisi de construire son livre autour de trois parties, significatives de cette histoire libanaise, dans ce qui ressemble à une autofiction. La crise de Suez et l’occupation israélienne du Sinaï représentent un de ces temps, lorsque Youssef était encore un adolescent s’interrogeant sur la sexualité, bien loin de s’inquiéter d’un risque de guerre. La fin des années 60, les révoltes étudiantes de 1968 représentent un deuxième temps dans l’ouvrage. Youssef a grandi, ses convictions politiques s’affirment, sa propension à la contestation aussi alors que la guerre des six-jours se rapprochent. Le troisième temps de l’ouvrage correspond au début des années 80, à la guerre civile libanaise que va couvrir Youssef en tant que journaliste. C’est l’immonde Sabra et Chatila, menée notamment par Ariel Sharon.

Amateur d’histoire, vous imaginez donc que j’ai particulièrement apprécié la lecture de cet ouvrage qui s’avère être très précis dans les faits qu’il raconte et dans la géopolitique du Moyen-Orient qu’il traite. L’activité de journaliste de l’auteur se perçoit bien au travers de la lecture de l’ouvrage, montrant qu’il maîtrise parfaitement cette géopolitique.

Et en même temps, les qualités d’écriture sont aussi bien présentes, s’appuyant sur une écriture sensible, avec des pointes d’humour parfaitement dispersées. Il se dégage de cette lecture, de la vie de Youssef beaucoup d’émotions et de sincérité. L’auteur dévoile un véritable amour pour son pays qui connaît une situation très compliquée aujourd’hui. C’est un véritable chant d’amour qu’il nous propose pour cette ville mythique au destin tragique et picaresque.