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Pol Guasch  (Editions La Croisée)  septembre 2022

Si l’on devait résumer cet ouvrage en une formule, nul doute que celle de "prose moderne et créative" lui serait totalement adaptée. Napalm en son cœur fait partie de ces ouvrages fulgurants qui laissent une superbe trace de lecture, dont on se souvient une fois le livre terminé.

C’est donc une véritable expérience de lecture que nous propose ce jeune espagnol Pol Guasch qui est déjà l’auteur remarqué de recueils de poésie. Avec ce premier roman, Napalm en son cœur, titre de toute beauté au passage, il a déjà remporté un prix en Espagne et devrait connaître le succès chez nous.

Même si la lecture peut s’avérer déroutante au premier abord puisque l’ouvrage se construit autour de textes qui s’enchaînent qui font autour d’une page pour chaque pour nous raconter une dystopie, il n’en reste pas moins totalement saisissant pour celui qui prendra le temps de rentrer dedans, y compris en prenant soin de prendre son temps pour regarder les illustrations qui s’insèrent de temps en temps entre les textes.

Un jeune héros vit seul avec sa mère dans une ville déserté et malade. Une ville plongée dans une guerre mystérieuse, aux règles absurdes, soudaine, menée par des autorités inquiétantes. C’est un pays inconnu, qui pourrait être partout, contaminé par un air "mauvais" où l’on parle une langue non autorisée qui se désagrège.

Et en même temps, c’est un territoire dans lequel naît un amour interdit, romantique et enfiévré que le lecteur suit au cours d’échanges de lettre entre le héros et un certain Boris. Ces lettres adressées à celui qu’il voudrait devenir son amant sont pour lui un moyen de s’évader de sa situation. Il lui raconte sa vie, les évènements qui le touchent au moyen de courts textes qui ne respectent pas forcément une chronologie, ce qui de nouveau peut dérouter le lecteur.

De ces courts textes fulgurants se dévoilent de nombreux sentiments face à cette situation de guerre qui l’oblige à rester confiné : de la haine, de la violence symbolisée par le titre au passage. La lecture est déroutante, parfois énigmatique, portée par sa dimension dystopique. On parcourt ce récit étrange comme on lirait des fragments poétiques pour comprendre une jeunesse qui se cherche, qui veut sauver sa tête et se libérer d’un héritage lourd à porter. La poésie se mêle à la politique, le temps n’a pas de prise, les territoires n’ont pas de frontières et l’amour est interdit. Voilà le cadre de cet ouvrage métaphysique particulièrement intriguant.

 

Jean-Louis Zuccolini         
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