Monologue dramatique d'après le roman éponyme d'Octave Mirbeau interprété par Lisa Martino dans une mise en scène de Nicolas Briançon.
Dans le décor de sa chambre, où une baignoire prend place près de la cheminée, alors qu'elle va prendre sa douzième place de femme de chambre en Normandie après avoir beaucoup travaillé à Paris, Célestine se raconte.
Adapté du roman paru en 1900, "Le Journal d'une femme de chambre" est un texte sulfureux qui dépeint les moeurs sociales de l'époque, n'occultant ni la bassesse, ni l'égoïsme de la bourgeoisie. Et la servitude dans laquelle sont maintenus les domestiques.
Octave Mirbeau y dessine une galerie de portraits hauts en couleur et brocarde les usages des nantis dont il dénonce l'hypocrisie. C'est cruel et très noir mais formidablement bien écrit et d'une efficacité imparable.
Le tout est raconté par Célestine, un personnage dont la nature et la franchise valent dès le début de son récit, l'empathie du public. Aussi Lucide que cynique, elle finira par se jouer de ses maîtres et céder à quelques compromissions pour parvenir à quitter sa condition.
Ce sublime pamphlet qui frôle parfois l'écoeurement est porté ici par une comédienne dont la présence irradie véritablement : Lisa Martino excelle dans ce rôle où sa nature fait merveille.
L'oeil espiègle et le sourire constant, elle incarne Célestine avec gouaille et énergie. Même si cette femme bavarde, vivante et gaie ne peut cacher au fond, avec les souvenirs de son enfance qui reviennent la hanter, une profonde mélancolie.
Finement dirigée par Nicolas Briançon qui a opté pour une belle sobriété et une version intime, la comédienne au plus près du public montre une vaste palette de jeu et accomplit avec "Le Journal d'une femme de chambre"une performance de très haut vol. |