Comédie d'après l'oeuvre éponyme de Molière, adaptation et mise en scène de Tigran Mekhitarian, avec Théo Askolovitch, Arthur Gomez, Marie Mahé et Tigran Mekhitarian.
Une scénographie sobre : devant une toile peinte, seules des bougies entourent la scène où Sganarelle sur un siège pliant attend son maître en jogging. Il est "posé, au calme", avant que n'arrivent les embrouilles à cause des dispositions de coureur de jupons de Dom Juan.
Tigran Mekhitarian a choisi d'adapter, comme il l'avait précedemment pour deux autres pièces de Molière, "Dom Juan" qu'il place aujourd'hui en banlieue.
Après une scène d'exposition où l'on craint le pire (le phrasé "banlieue" alourdissant le texte de Jean-Baptiste Poquelin), on est finalement gagné par cette adaptation qui fait entendre avec modernité la pièce du dix-septième siècle.
Il y a des ajouts parfois drôles mais quand le texte est conservé, il est dit de fort belle manière. Et en relevant le défi de le garder complétement, l'entreprise n'aurait été que plus belle.
Cette transposition, même si on pourra regretter la vulgarité qui n'était pas forcément indispensable et quelques anachronismes (Louis d'or et euros sont mélangés) aura au moins, et c'est éminemment louable, le mérite de faire entendre la langue de Molière aux jeunes générations qui y trouveront une porte d'entrée pour le théâtre. C'est sûrement le plus important.
Absolument prenant, le spectacle en lui-même est mené tambour battant par le formidable quatuor composé de Théo Askolovitch, en Sganarelle étonnant aux accents de sincérité bouleversants, Arthur Gomez, à la sobriété toujours payante et excellent pour camper tant Don Alonse qu'un Pierrot mémorable, Marie Mahé tout aussi impressionnante en Elvire qu'en Don Carlos et, enfin, Tigran Mekhitarian parfait en Dom Juan veule et narquois.
Tous portent avec talent cette version dépoussiérée et dynamique que Molière aurait certainement validé. |