"On aime Claire Favan pour le rythme qu’elle donne à l’écriture de ses thrillers, sa plume incisive et la façon dont elle construit ses intrigues tel un puzzle complexe que le lecteur s’applique à reconstituer au fil des pages avec envie."

C’est par ces mots que je débutais ma chronique de l’ouvrage Les cicatrices, il y a un peu plus de deux ans. Des mots que je pourrais parfaitement réutiliser pour son nouvel ouvrage, De Nulle part sorti au début du mois d’octobre.

C’est un thriller psychologique qu’elle nous propose mais aussi de nouveau un roman à la dimension sociale puisqu’il porte aussi sur les enfants placés à l’ASE, de sort trop souvent tragique qu’ils subissent.

L’histoire débute à Chatou, à la fin des années 90 quand deux nouveau-nés sont trouvés et confiés à l’Assistante publique puis très vite séparés quand une famille se décide à n’en adopter qu’un sur les deux.

L’histoire rebondit en 2020, à Trappes. Balloté de foyers sordides en familles d’accueil, Antoine, dit "Tony", s’est construit tant bien que mal avec l’idée que la vie est un combat. Il lutte pour mener de front études de droit et petits boulots, et qui sait : dépasser sa condition.

Alors que tout ce qu’il réussit à faire est d’accumuler les dettes, se présente un beau jour à sa porte un certain Raphael. Raf, c’est son frère, sa copie conforme et son exact contraire, un héritier qui a les codes et la confiance qui va avec.

Raf a un plan qui peut changer le destin de son frère. Passée la surprise de la première rencontre, Tony hésite à qualifier la visite de providentielle. Il n’oublie pas que l’échec est souvent inscrit en lui depuis son premier cri. Mais il lui reste de l’espoir quand même, un espoir qui engendre le supplice.

Roman noir, roman social donc mais aussi formidable thriller psychologique, Claire Favan met en place une intrigue prenante au fil des pages tout en faisant réfléchir le lecteur sur de nombreux thèmes comme la gémellité et le système de protection de l’enfance.

Pas de tueurs en série ici, mais quand même un suspense qui tient le lecteur en haleine tout au long du livre avec un final qui verse plus dans l’émotion que dans la grande surprise.

C’est au final toujours aussi plaisant de lire un ouvrage de Claire Favan, encore plus quand on a entre les mains un livre qui manie aussi bien la fiction et le réel de situations sociales totalement révoltantes.