Infernus Iohannes est une signature collective qui regroupe aussi bien des auteures que leurs traductrices qui ont écrit cet ouvrage au titre très provocateur que publient les éditions de l’Olivier, Débrouille-toi avec ton violeur.
Cet ouvrage, présenté par Antoine Volodine est un recueil de textes écrits et traduits par des femmes révoltées, fortes, indignées par l’injustice et la laideur. Ce sont des textes traduits, écrits par des femmes et traduits par des collectifs de femmes, à l’exception des slogans de Maria Soudaïeva que l’on trouve à la fin de l’ouvrage.
Ces voix de femmes sont reprises et amplifiées par leurs traductrices qui sont totalement d’accord avec ce qu’elles écrivent. Comme le dit Volodine, à partir d’un certain point, il existe une telle porosité entre la voix originale et la voix de celles qui la restituent que les noms d’auteurs s’effacent et que la signature n’a pas grande importance. D’où le nom d’Infernus Iohannes sur la couverture du livre qui au passage nous montre l’importance des traducteurs et traductrices dans la littérature.
Même si elles se retrouvent dans leur colère, les femmes qui nous proposent des textes dans cet ouvrage, expriment chacune à leur manière, une très profonde révolte. Elle peut très bien être contre la bestialité de tout acte sexuel et la mise en condition des filles pour qu’elles acceptent comme naturel d’être pénétrées par des mâles (texte de Miaki Ono). Pour d’autres, comme Molly Hurricane, plus politique, on retrouve une révolte contre les vainqueurs éternels et leurs mensonges, contre ceux qui ont le pouvoir. Chez Maria Soudaïeva, à l’écriture plus poétique, on est plus dans l’insurrection que la révolte, contre tout ce qui existe, contre le réel, contre la mort.
Si vous cherchez un ouvrage classique, passez votre chemin car ce Débrouille-toi avec ton violeur n’épouse pas les codes classiques de la littérature. Les textes proposés par ces femmes sont comme des fulgurances, des chants poétiques, des appels et des plaintes horrifiées qui n’ont pas la prétention d’être théorique ou scientifique et encore moins dogmatique et pédagogique.
Ils sont les messagers d’une furie, sans aucune pondération, des voix brutes et puissantes que le lecteur reçoit sans en attendre des leçons. Des messages profondément féministes d’une intelligence rare et précieuse. |