C’est avec grand plaisir que j’ai pu avoir entre mes mains le nouvel ouvrage d’Andrew Roberts, spécialiste britannique de la biographie historique, auteur de la monumentale biographie de Churchill, sortie en 2020 chez Perrin.

Hitler et Churchill est son deuxième ouvrage à paraître aux éditions Perrin, il est beaucoup moins volumineux que son précédent mais tout autant passionnant. Avec cet ouvrage, Andrew Roberts fait le contre-pied de ceux qui suggèrent qu’il n’y avait guère de différences entre les deux hommes. Leur expérience des tranchées, leur patriotisme exacerbé, la fierté qu’ils tiraient du glorieux passé de leur pays, leur charisme, leur art de mener les hommes, le pouvoir psychologique qu’il exerçait sur la population auraient pu faire d’eux des frères ennemis.

Andrew Roberts montre au contraire le caractère fallacieux de ces points communs supposés au travers d’une biographie croisée des deux hommes, deux rivaux emblématiques que beaucoup de choses opposent, notamment sur le plan idéologique mais aussi sur celui de la pratique du pouvoir.

Sans aucune exagération, cet ouvrage est passionnant, se lit très vite et il est adapté à tout le monde qui voudrait s’intéresser à ces deux personnages. Il propose une réflexion pertinente sur la manière de mener un Etat, de s’approprier les foules en comparant les deux dirigeants.

Evidemment, on peut toujours trouver quelques points communs entre Churchill et Hitler mais ceux-ci restent très négligeables par rapport à leurs différences. Ces deux chefs d’Etat ne fonctionnaient absolument pas de la même manière, l’ouvrage nous le prouve brillamment.

Ils ne viennent pas du même monde, leur parcours politique est différent tout comme leur caractère et leur façon de vivre (l’un est végétarien antitabac quand l’autre est un grand amateur de cigares). Ils ne gouvernaient évidemment pas non plus de la même manière que cela soit du point de vue politique comme du point de vue militaire.

Churchill a toujours su déléguer le pouvoir de décision militaire à ses chefs d’état-major en se rendant à leurs tout en se réservant le rôle de représentant indiscuté du Royaume-Uni auprès de ses interlocuteurs Roosevelt et Staline. Cette délégation de pouvoir, Hitler l’a certes appliquée lors de ces grands triomphes de la guerre éclair mais il y a mis fin dès les premiers revers sur le territoire soviétique. Il fut ensuite incapable de faire confiance à ses généraux après l’attentat de juillet 1944.

Alors voilà, c’est de nouveau un excellent ouvrage que nous proposent Andrew Roberts et les éditions Perrin pour mieux comprendre ces deux personnages historiques qui auront marqué le 20ème siècle, non pas par leurs points communs mais par leurs nombreuses différences.