Spectacle conçu et mis en scène par Andy Arnold, avec Emmanuelle Laborit et Ramesh Meyyappan accompagnés du musicien Ross Whyte.
Deux comédiens, un homme et une femme, se préparent pour une représentation. On les surprend dans leurs routines, leurs gestes toujours renouvelés quand ils se maquillent et qui constituent le temps de leur concentration.
Mais l'un et l'autre n'ont pas l'air au mieux de leur relation. Chacun se prépare en ignorant l'autre, en évitant de tenir compte de l'autre.
Quand on les découvre sur scène, on s'aperçoit que l'homme (Ramesh Meyyappan) est un clown blanc habillé dans le costume du mime Deburau interprété par Jean-Louis Barrault dans "Les Enfants du paradis" de Marcel Carné. La femme (Emmanuelle Laborit) est la statue qu'il adore et qui se tient droite derrière un décor de parc. Dans le coin gauche de la scène, se tient un pianiste (Ross Whyte) qui accompagne les deux personnages sur scène.
Au fil des scènes reprises du cinéma français dit "réaliste poétique", on sent évoluer vers de plus en plus d'incompréhension le couple d'acteur. Parfois statique en statue en robe blanche, parfois en mouvement en danseuse en robe rouge, la femme ne comprend pas que son partenaire ne sait pas lui dire l'amour qu'il ressent pour elle ?
Quand il joue le clown en amoureux éploré et incompris, n'est-il qu'un personnage joué par un acteur, un mime très doué, ou bien tout bonnement l'acteur lui-même qui dépasse sa fonction d'interprète et crie son amour dans la vie pour celle qui n'est censé n'être elle aussi qu'un personnage ?
Uniquement par leurs visages et leurs corps, les deux personnages-acteurs expriment leur double douleur, leur impossibilité de se dire la réalité de leurs sentiments... Dur, dur de ne pas pouvoir s'exprimer par les mots dans cette mise en abyme conçue par Andy Arnold.
Le spectateur qui regarde "La Performance" sans être rompu au théâtre visuel pourra être perdu dans cet étalage subtil de sentiments qui prennent forme de non-dits. Il devra se laisser aller à l'écoute du cœur des deux comédiens pour ressentir la beauté de ce mimo-drame qui rend hommage à un cinéma français paradoxalement admiré pour les dialogues très écrits de Prévert.
"La Performance" permet de comprendre que le théâtre visuel a gagné ses lettres de noblesse et peut désormais soutenir la comparaison avec les autres formes théâtrales. |