Spectacle conçu et mis en scène par Maria Machado et Charlotte Escamez d'après des textes de Roland Dubillard, avec Denis Lavant et Samuel Mercer.
Maria Machado, actrice et metteuse en scène, et Charlotte Escamez, écrivain, dramaturge et metteuse en scène, qui furent respectivement l'épouse et la secrétaire littéraire du comédien, dramaturge et écrivain Roland Dubillard ont puisé dans ses "Carnets en marge", entre journal et calepin de notes, pour composer un opus dont le titre "Je ne suis pas de moi" reprend une elliptique assertion dubillardienne.
En forme de miscellanées textuelles, il entremêle souvenirs, au demeurant rarement heureux, éléments biographiques, considérations personnelles sur les thématiques philosophico-métaphysiques au coeur de son oeuvre et réflexions sur l'art du théâtre et sur le travail d'écriture.
Et ce pour composer une évocation kaléiodoscopique de l'homme et du dramaturge, souvent qualifié de beckettien, versé en isotopies et en tragique burlesque et de sa présence au monde.
Les auteures ont écrit une partition intellectualiste à deux voix qui, bien qu'ordonnée avec un séquençage chronologique du parcours de vie, procède par une mise en abyme par diffraction avec un double je douloureux et un double jeu entre le jeune homme de tous les rêves et l'adulte de tous les possibles, voire vice-versa.
Et, à l'avenant, sur la scène transformée en "black box" mentale avec une création vidéo de Maya Mercer et un habillage bruitiste du designer sonore Guillaume Tiger, la mise en scène conjointe de Maria Machado et Charlotte Escamez se déploie de manière quasi chorégraphique en pas de deux porté par un funambule du verbe, l'aguerri comédien-acrobate Denis Lavant, le lyrisme juvénile du comédien-danseur Samuel Mercer.
Articulé autour du "Conte libertin" dont Denis Lavant livre une époustouflante incarnation héroïco-comique, ce duo atypique dans son interprétation comme dans son gabarit corporel réussit un bel exercice de style et d'équilibrisme tant mental que physique.
Une proposition qui fera les délices des amateurs avertis et des exégètes de l'oeuvre de Roland Dubillard. |