On ne présente plus V.E. Schwab. Autrice de littérature jeunesse, young adulte et adulte dont la popularité ne cesse de croître.

Une fois n’est pas coutume, je me suis, comme d’habitude après tout le monde, lancée dans la découverte de l’une de ses œuvres avec La Vie Invisible d’Addie Larue, best seller sorti en 2021 classé à mi-chemin entre la littérature de l’imaginaire adulte et jeunes adultes. Alors que j’appréhendais cette lecture à cause de sa popularité, j’y ai trouvé quelque chose d’inattendu.

V.E. Schwab, qui signait précédemment ses romans en tant que Victoria Schwab, s’est faite connaître grâce à ses séries destinées au jeune public comme Shades of Magic (Lumen, 2017) ou Cassidy Blake (Lumen, 2018) ainsi que sa duologie pour jeunes adultes Vicious et Vengeful (Lumen, 2019).

En 2021, elle publie le roman qui mettra bon nombre de lecteurs d’accord : La Vie Invisible d’Addie Larue qui sera non seulement un succès mais fera également l’objet d’un véritable engouement sur les réseaux sociaux.

L’histoire d’Adeline Larue commence au XVIIIe siècle. La jeune femme, l’esprit vif, assoiffée de liberté, implore des divinités anciennes de lui éviter le mariage organisé dont elle ne veut pas. Celui qui exauce sa prière accède à son souhait d’une manière inattendue puisqu’il lui offre alors la vie éternelle. Elle se rend bien vite compte que le prix à payer pour sa nouvelle condition est terriblement élevé, puisqu’aussitôt sortie de leur champ de vision, elle s’estompe de l’esprit de ceux qu’elle rencontre. Nul ne se souvient d’elle, la condamnant à la solitude des siècles durant, jusqu’au jour où elle croise la route d’une personne qui se souvient enfin d’elle.

Si cette histoire peut paraître prévisible à première vue, V.E. Schwab nous réserve quelques surprises et réussit à lui donner une profondeur intéressante. Pour un roman à la frontière adultes / jeunes adultes, on y retrouve une héroïne forte et sûre d’elle qui ne tombe pas dans les clichés d’héroïnes niaises qui se jettent coûte que coûte dans la romance.

J’ai été agréablement surprise de découvrir un roman dont l’héroïne est forte et sûre d’elle, moins stéréotypée et bien plus crédible que ce à quoi je m’attendais. Victoria Schwab réussit à dépeindre des personnages non seulement crédibles qui n’en sont pas moins attachants.

L’histoire d’Addie Larue soulève les questions de la place de l’interaction, du lien, du rôle des autres dans nos vies, de tout ce que peut receler la notion de liberté, de l’importance de notre identité, entre autres. Elle parle également de santé mentale et en aborde certains aspects avec un réalisme déconcertant.

Bien que l’on retrouve dans La Vie Invisible d’Addie Larue la thématique vue et revue du pacte avec le diable, V.E. Schwab lui fait prendre une forme subtilement teintée de gris, incarnée par une créature protéiforme séductrice qui n’est non seulement pas le méchant de l’histoire mais qui est même véritablement fascinant. Ainsi, s’il y avait une leçon à tirer de ce récit, elle ne tiendrait pas tant du "prenez garde aux souhaits que vous formulez" que du "vous avez le pouvoir sur votre propre destin".

Dense et riche, le roman de V.E. Schwab est une lecture qui se dévore et si j’ai pu le trouver inégal et parfois prévisible, l’impression qu’il m’a laissée après la dernière page tournée est celle d’un livre qui a su aller chercher en moi des émotions inattendues et des questionnements qui ne m’avaient pas effleurée. On y trouve un lien avec le réel joliment maîtrisé, des personnages surprenants et des scènes d’une puissance viscérale qui risquent de rester vif dans mon esprit encore longtemps.