Spectacle musical d'après le roman de Clémentine Beauvais, adaptation et mise en scène de Justine Heynemann, avec Manika Auxire (ou Lucie Brunet), Rachel Arditi, Elisa Erka (ou Charlotte Avias), Valérian Béhar-Bonnet et Benjamin Siksou ccompagnés par le musicien Manuel Peskine.

La timide et rêveuse Tatiana 14 ans, plongée dans ses romans, rencontre Eugène un peu plus âgé qui traine un profond ennui et en tombe immédiatement amoureuse.

Elle lui écrira une lettre mais celui-ci, trop ébloui par la sémillante Olga n'y donnera pas suite au grand désepoir de la jeune fille. Tous deux se perdront de vue finalement, à la suite de la tragédie survenue à un de leurs amis. Quand ils se rencontrent dix ans plus tard, alors qu'elle a pris confiance en elle et s'est épanouie dans son travail à force d'obstination, que reste-t-il de cet amour ?

Pour le roman éponyme dont est adapté pour la scène le spectacle, Clémentine Beauvais a repris la trame et les personnages du classique "Eugène Onéguine" d'Alexandre Pouchkine, drame du début du 19ème siècle, pour en faire une version moderne. 

Et Justine Heynemann a choisi le registre du spectacle musical en ponctuant l'action de chansons pop acidulées co-écrites avec Rachel Arditi et mises en notes par Manuel Peskine, musicien attentif accompagnant avec bienveillance au piano ou violoncelle les personnages et participant même au jeu.

Dans un décor bucolique de gazon et fleurs bleues gracieux de Marie Hervé, le quatuor Tatiana, Olga, Eugène et Lenski s'aime et se déchire. Mais chante et danse aussi.

Clémentine Beauvais a parsemé ce drame romantique actuel, où mails et textos remplacent les échanges épistolaires de jadis, de beaucoup d'humour. La mise en scène virevoltante de Justine Heynemann dynamise l'ensemble plein de charme et de poésie.

Talentueuse narratrice, Rachel Arditi, en ange-entremetteuse, apporte l'ironie nécessaire et s'avère formidable.

Tout comme les autres comédiens : Manika Auxire, intense Olga, Elisa Erka, convaincante Tatiana aussi crédible en adolescente à lunettes maladroite ou jeune femme épanouie, Benjamin Siksou, Eugène à la fois magnétique et pitoyable et Valérian Béhar-Bonnet apporte sa fragilité à Lenski.

Justine Heynemann réussit avec "Songe à la douceur" une fantaisie effervescente et jubilatoire. Une comédie douce-amère à la beauté mélancolique sur la force des émotions adolescentes qui résistent à l'épreuve du temps.

Superbe !