Quand on regarde l’œuvre de Marie-Helène Lafon et sa fidélité à l’éditeur Buchet-Chastel, on ne peut être qu’admiratif de cette professeure de lettres classiques qui nous émerveille à chacun des de ses ouvrages. Son dernier ouvrage, Histoire du fils, a amplement mérité le prix Renaudot en 2020.
C’est donc avec un immense plaisir que j’ai pu lire avec un peu d’avance Les sources, un superbe ouvrage encore, qui devrait aussi rencontrer un beau succès. Court mais précis, lumineux dans son écriture, l’ouvrage n’a pas besoin de plus de 80 pages pour nous éblouir. Elle nous embarque dans le Cantal, dans les années 60, autour d’une famille, inspirée de la sienne, installée dans la vallée de la Santoire.
Ils sont trois enfants (Isabelle, Claire et Gilles), petits, avec leurs parents. La ferme est isolée de tout et l’ouvrage commence en introduisant le lecteur dans les pensées de la mère de trente ans. Semblant avoir une vie heureuse, autour de ses trois enfants dans une ferme ou elle ne manque de rien, on se rend compte rapidement qu’elle est éternellement dans la crainte, la tête souvent ailleurs. Les pages qui suivent permettent vite au lecteur de savoir et de comprendre pourquoi.
Son mari, lui se dévoilera que dans le deuxième temps du livre et c’est là la grande qualité du livre et son originalité, celui du basculement de la voix de la mère à celle du père au cours de l’ouvrage, d’où le titre Les sources, avec en plus une troisième partie ou épilogue, la voix d’une des filles.
Roman en trois actes donc, trois parties pour trois personnages de la famille, Les sources est une tragédie qui se dévoile au fil des pages, celle d’une femme brutalisée par son mari, meurtri dans son corps jusqu’à ses accouchements, tous par césarienne qui lui abîme son corps, comme le symbole de son union conjugale.
Une fois encore, l’ouvrage de Marie-Hélène Lafon est un condensé d’émotions servi par des mots toujours juste utilisés par l’auteure. On se surprend à lire l’ouvrage à voix haute pour mieux les ressentir.
Les sources est un petit bijou de livre, qui se lit d’une traite, emporté par le tourbillon de la vie de cette famille, porté par les magnifiques descriptions des paysages du Cantal que l’auteure connaît si bien. Une fois encore, c’est un ouvrage que l’on garde en tête longtemps après l’avoir lu, qui doit trôner dans toute bibliothèque qui se respecte.
Marie-Hélène Lafon est une immense auteure et Les sources en est le parfait témoin. C’est un ouvrage que l’on déguste, qui a pour seul défaut d’être trop court mais d’une intensité telle qu’on ne peut que lui pardonner. Un ouvrage qu’il faut absolument lire, tout simplement. |