Spectacle autofictionnel écrit par Zoon Besse et Guillaume Barbot et interprété par Zoon Besse dans une mise en scène de Guillaume Barbot.
Décidément, Zoon Besse, 61 ans et peut-être pas toutes ses dents, connaît la chanson : après avoir participé à "Gainsbourg, moi non plus" et créé "L'histoire vraie d'un punk converti à Charles Trenet", le voilà à l'assaut d'un autre monument du genre, Jacques Higelin.
Ce nouveau spectacle, également écrit et mis en scène par Guillaume Barbot, poursuit dans le même esprit que celui dédié à Charles Trenet... Et quoi de plus logique, de passer de l'un à l'autre, puisque le grand Jacquot a largement contribué à la renaissance de l'auteur du "Jardin extraordinaire".
Pour débuter son récit épique de ses jeunes années punko-provinciales, Zoon Besse montre à son public le seul album des Sex Pistols. Indépassable, mais paradoxalement c'est avec la découverte de Jacques Higelin, période "Alertez les bébés" et "Paris-New-York-Paris" que va perdurer au-delà du feu de paille Pistols sa "Punk-attitude".
Zoon Besse est un raconteur hors pair. De cette période Higelin, il fait une épopée qui touchera à la fois ceux qui ont connu les années 1970 et ceux qui n'étaient qu'enfants ou pas encore conçu...
Mort il y a cinq ans, Jacques Higelin, même si son nom est fièrement porté musicalement par sa fille Izia Higelin et l'initiale de son nom par son fils Arthur H, est un peu dans une période de "purgatoire". On espère qu'elle ne durera pas trop longtemps, comme c'est malheureusement le cas pour Claude Nougaro.
Zoon Besse fait donc ici office d'éclaireur, de précurseur. Cela le contraint à être un peu plus explicatif que dans son spectacle sur Trénet, à devoir réciter quelques textes (formidables comme "Irradié").
Il n'a pas non plus souhaité donner quelques indications biographiques sur Higelin. Cela peut certainement manquer à ceux qui ignorent tout de la carrière de comédien, de chanteur "Rive Gauche" de partenaire de Brigitte Fontaine dans l'aventure Saravah avec Pierre Barouh, qui précède son passage au rock...
Si cela rend plus compliquée l'entreprise que s'est fixé Zoon Besse, il prouve pendant plus d'une heure que ce n'est pas rédhibitoire : s'il se demande ce qu'il serait devenu s'il n'avait pas rencontré Jacques Higelin, on se demandera sans doute ce qu'aurait été le devenir post-mortem du chanteur sans son admirateur fanatique (qui a vu son idole au moins 300 fois !).
Un grand merci à Zoon Besse et à Guillaume Barbot d'être les premiers à rappeler que Jacques Higelin a été un grand de la chanson française mais un grand marginal souvent privé de télé. Zoon, dans l'épisode où il se retrouve face à lui, montre aussi combien il fut quelqu'un de bien.
Ce n'est donc pas étonnant que ses admirateurs, à l'image de Zoon Besse, dégagent une ferveur communicative. Ceux qui verront ce spectacle chaleureux sans rien connaître de Jacques Higelin brûleront d'envie de réparer aussitôt ce manque dramatique. |