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Alain Gomis  (janvier 2023) 

Réalisé par Alain Gomis. France. Documentaire. 1h05 (Sortie 11 janvier 2023).

Voilà une belle rencontre post-mortem entre un cinéaste et un musicien. Alain Gomis réalise des films depuis une vingtaine d'années. On se souvient de sa dernière fiction, "Félicité" (2016).

Ayant dans l'idée de réaliser un biopic d'un des noms mythiques du jazz, Thelonious Monk (1917-1982), il s'est adressé à l'INA pour qu'on lui envoie "Jazz Portrait" une émission de 1969, diffusée à la télévision française l'année suivante.

Recevant le document qu'il souhaitait visionner, il a eu la (bonne) surprise de découvrir qu'on lui avait joint les rushs de l'émission, matière "inestimable" qui lui a permis de réaliser "Rewind & Play", qui non seulement permet de découvrir vraiment la personne qu'était le jazzman, mais de voir comment la télé, à cette époque, traitait ses sujets, d'autant plus s'ils étaient des musiciens noirs...

Alain Gomis s'est emparé des matériaux reçus pour bâtir un film hommage à Monk dont la durée est à peu près du double de l'émission originale.

On écarquillera souvent des yeux en découvrant comment, en toute bonne conscience, on pouvait traiter l'un des plus gr&s génies du jazz contemporain à la télévision française. Dans "Rewind & play", Alain Gomis n'accable pas le présentateur de l'émission, Henri Renaud, quadragénaire à lunettes, mal à l'aise dans son costume bleu.

Pour peut-être être indulgent avec sa prestation pataugeante, ses questions qui ne mènent à rien et ses traductions plus qu'approximatives, ce n'est pas à proprement parler un homme de médias. Non, il est lui même un jazzman, un pianiste, qui connaît Monk personnellement depuis une quinzaine d'années.

Ce qui dérange, c'est de le voir se vautrer et de faire de moins en moins attention à un artiste fragile, un homme au doux regard, étonné de tout et qui biographiquement est depuis reconnu comme ayant été "bipolaire", pas très solide psychiquement.

D'ailleurs, on le découvre ici dans la dernière phase de sa vie musicale. L'année suivante, il renoncera pratiquement définitivement à faire des tournées et peu à peu à jouer et à composer. Lui qui composait en intégrant du silence dans ses œuvres, finira par se taire. Un silence d'une dizaine d'années avant de mourir.

"Rewind & Play" d'Alain Gomis n'est pas seulement une critique de la manière dont est traité Monk, à la fois comme une machine à jouer à la dem&e, et formaté dans sa parole pour être conforme à la légende qu'on veut perpétuer. C'est également un très beau moment musical.

Il surligne les images formidables qu'ont tiré de Monk les caméramans de "Jazz Portrait". Ainsi, en très gros plan devant son clavier, on suivra la sueur qui coule à grosses gouttes sur le visage barbu du jazzman. Devant ce spectacle, qui accompagne le virtuose, on est saisi par la beauté simultanée de ce qu'on voit et de ce qu'on entend.

Si l'on ignore tout de Thelonious Monk, génie du jazz longtemps en avance sur son temps, et qu'on suit en 1969, à l'époque où il est enfin compris, ce qui va paradoxalement va le paralyser, on saura gré à Alain Gomis de le ressusciter tel qu'il était à son meilleur.

Pour l'anecdote, Monk est filmé dans "Jazz portrait" à quelques heures d'un concert à la salle Pleyel, et au lendemain d'un concert en Suisse. L'homme est exténué et pourtant il interprète merveilleusement quelques-unes de ses plus exigeantes compositions.

Avec "Rewind & Play" d'Alain Gomis, on dépasse la critique médiatique de la télé d'état gaullo-pompidolienne : en quelques notes, Thelonious Monk transcende sa goujaterie aux relents racistes et la balaie par ses notes venues d'ailleurs.

 

Philippe Person         
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