Spectacle écrit, conçu et interprété par Catherine Büchi, Léa Pohlhammer et Pierre Mifsud.
Trois sièges mousse vintage seventies identiques pour trois comédiens - Catherine Büchi, Léa Pohlhammer et Pierre Mifsud du Collectif BPM - protagonistes du deuxème épisode de leur opus intitulé "La Collection" conçu comme une mythologie des années 1970 avec des choses de la vie décryptées de manière sociologico-théâtrale.
Et ce avec l'humour suisse pince sans rire spécificité de leur pays natal qui irrigue les créations scéniques de leurs homologues du Collectif Gremaud/Gurtner/Bovay, François Gremaud au demeurant cité en l'espèce au titre de regard extérieur, du Collectif Rimini Protokoll et la Compagnie Snaut fondée par Joël Maillard.
Résultant d'une écriture de plateau hybridant docufiction mémorielle et souvenirs personnels et inscrite dans le genre de la pièce loufoque à sketches et le registre du loufoque et du burlesque, la partition est présentée au public en diptyques dont le premier dédié au vélomoteur et au téléphone à cadran rotatif*.
Le deuxième de cette collection promise à un bel avenir se focalise sur deux objets, a priori aux antipodes sociologiques nonobstant le point commun de la situation conviviale, celle de la soirée entre amis, dans laquelle ils font office de personnage principal tout en demeurant invisibles, le téléviseur à tube cathodique incarnation du divertissement populaire et le service à asperges dont l'usage semble réservé aux tables élitaires.
Pour le téléviseur, le trio lève la difficulté liée aux références datées de la "télé de papa" par une brillante et loufoque recension assorties de commentaires et digressions des émissions mémorables, séries télévisées cultes et films de l'époque, des acteurs et des figures du PAF et hybridant l'inventaire à la Prévert et la liste oulipienne.
Et le service à asperges vanté par un prétentieuse maîtresse de maison devient le sujet d'assauts égotiques et le prétexte à de petits règlements de compte entre bobos cultureux.
Les trois compères-complices formés à l'Ecole de théâtre Serge Martin, équivalent genevois de l'Ecole internationale de théâtre de Jacques Lecoq, ne boudent pas le plaisir du jeu, un jeu reposant sur une efficace dramaturgie gestuelle et une belle vélocité verbale.
Un divertissement frais et rafraîchissant comme un bonbon aux plantes, ou la récurrente glace à la pistache, et dispensé au gré d'une échevelée et sur-oxygénée divagation gambadant sans entrave telle une belle des champs devisant avec la vache violette dans les alpages helvétiques et débusquant la marmotte emballeuse. |