La Maroquinerie était bondée ce soir pour le très attendu retour de Calexico. En effet, après le concert du combo guitare/batterie Joey Burns et John Convertino à la Flèche d'Or en février 2006, Calexico revient ce soir au complet à l'occasion de la sortie de leur nouvel album Garden Ruin.
En première partie, El perro del mar.
Malgré son nom latino, les trois blonds d'El Perro del Mar viennent du nord, et du nord du nord et ne font pas dans la musique programmée sur 99.0 FM. El perro del mar vient de Scandinavie, de Suède plus précisément, pays qui décidément se révèle être un creuset indie-rock inépuisable.
El perro del mar est l'avatar de Sarah (guitare/chant) qui le décrit, fort justement, ainsi : "El Perro Del Mar simply is the easiest and most direct way for me to say and do the things I cannot do in real life. To live inside the music, to close the door on the outside world - if just for 3 minutes or basically just the length of a standard pop song - is what makes the hours of the day worth while".
Curieuse impression en live que ce groupe quasi-immobile, les deux guitaristes assis, recroquevillés sur leur instrument, un peu hors du temps.
Accompagnée de Bjorg et Kaspar, elle nous entraîne dans un revival de pop des sixties classieuse et lo-fi. Tout n'est que douceur et mélancolie, un peu affectées, mais au final de très bonne facture, subjuguant le public. Le retour de Calexico en terre parisienne est salué à grands renforts d'applaudissements.
Tous sont souriants et semblent détendus. Cela promet un beau concert. Et ce fût le cas.
Bien évidemment, Joey Burns et John Convertino n'ont pas renoncé à leur épopée à la frontière américano-mexicaine et leur son qui a donné l'adjectif "calexiquien", ce mélange de country-rock énergique et de folk inspiré dont les fans connaissent tous les titres au mot près.
Les anciens morceaux, des classiques, comme "Crystal frontier" pour un final apocalyptique, "El Picador", "Across the wire", "Not even Stevie Nicks" ou "Minas de cobre" déchaînent la liesse générale.
Mais le public adhère aussi totalement à leur nouvel album dont la quasi-totalité des titres sera jouée et qui explorent de nouvelles contrées musicales tantôt plus rock ("Letter to Bowie knife"), tantôt plus pop ("Yours and Mine", "Cruel", "Bisbee blue").
Avec ce Garden Ruin, Calexico explore en effet un univers pop rock qu'on ne lui connaissait jusqu'à présent que par intermitence avec des titres très chantés et surtout un son moins mexicano.
C'est aussi un plaisir de voir Joey Burns, guitariste virtuose, se jouer des cordes et John Convertino, batteur d'une rare élégance, les baguettes semblant virevolter au bout de ses doigts tout en dégageant une puissance sonore incroyable.
Pas de troupe de mariachis au complet ce soir mais 2 cuivres qui viennent en renfort sur certains titres ("Alone again or", "Crystal frontier"). Le reste du temps Calexico ressemble à un vrai groupe ce soir. La Steal guitar est impériale tandis que Burns et Convertino semblent vraiment très complices. Le (contre)bassiste est le plus discret de la bande mais donne au concert un rythme parfait qui permet de dynamiser les titres de Garden Ruin les plus lents.
Les petits poivrons lumineux accrochés au pied de micro de Burns ne sont même plus kitsch, ils sont ... calexiquiens, justement ... ils rappellent le sud, la chaleur, le chili con carne, le sable, les westerns, et leur petites lumières intérieures leur donnent ce côté morderne et un peu superflu.
Et puis Joey Burns, souriant, nous parle de temps en temps. Il parle de Paris, de Bourges, il présente à plusieurs reprises ses musiciens, preuve une fois de plus que Calexico n'est plus un duo.
Joey Burns chante aussi dans un français approximatif ("Nom de plume") et conquiert définitivement le public.
Le Calexico nouveau est décidément fait pour nous plaire et pour ceux qui pensaient que ce groupe resterait définitivement ancré dans ses terres de Tucson et sa musique de cowboys à grands chapeaux, il est toujours temps de changer d'avis. |