On a tendance à un peu à sous-estimer, à ne pas apprécier à sa juste valeur la discographie solo de Gaz Coombes. Il y a une vie après Supergrass. Et elle a de la gueule cette vie, quatre disques (Here Come The Bombs en 2012, Matador deux ans plus tard, World’s strongest man en 2018 et donc ce Turn the car around) et franchement pas grand-chose à jeter. Une œuvre pop de qualité, autonome et qui crée son propre monde, transcendant son contexte immanent.

Et si l’on milite pour sa reconsidération, ce n’est pas pour son glorieux passé mais surtout parce que Coombes a un réel talent d’écriture. Un talent qui éclate de manière peut-être encore plus évidente (la barre était déjà haute avec World’s strongest man et puis franchement qui pouvait encore avoir des doutes ?) dans ce nouveau disque.

Les morceaux sonnent comme des évidences, dans leur vitalité rythmique, dans leur simplicité (ce n’est pas une critique) mélodique (donc une réelle efficacité), dans leur sophistication (dans les arrangements notamment), dans leur profondeur, richesse sonore, dans leurs qualités formelles et expressives ou dans leur flamboyance. Rien de superflu. De la soul ("This Love", "Don’t say it’s over"), du glam ("Long live the strange", "Feel loop" et son petit côté Radiohead / Edwyn Collins), des ballades ("Dance on", "Not the Only Things", "Overnight trains"). Rien ne lui résiste, pour notre plus grand plaisir !