Thomas Mullen est pour moi un très grand auteur américain et une valeur sûre du catalogue Rivages dans son excellent collection Rivages / Noir. J’ai adoré sa trilogie sur la ségrégation aux Etats-Unis, avec Darktown, Temps Noirs et Minuit à Atlanta.
Le voilà de retour avec un nouveau pavé, un de plus car l’écrivain est coutumier de ces gros ouvrages dépassant les 500 pages. Une fois lancé dedans, il faut bien avouer que l’on ne rend pas compte de l’épaisseur tant la finesse d’écriture, sa dimension sociale et son côté historique font de ses livres de superbes lectures.
La dernière ville sur terre, qui vient de sortir est le premier roman de l’auteur, sorti en 2006, bien avant sa trilogie. L’histoire se déroule en 1918, dans l’Etat de Washington, au cœur des forêts du Nord-Ouest Pacifique dans une ville industrielle appelée Commonwealth, fondée par Charles et conçue comme un refuge pour les travailleurs et les syndicalistes. Une ville touchée par la Première Guerre mondiale et la grippe espagnole, contrainte par la décision de Charles de vivre en quarantaine.
Pour Philip Worthy, le fils adoptif de Charles fondateur de la scierie, c’est le seul endroit au monde où il peut compter sur une famille aimante. Il va décider de se porter volontaire pour monter la garde de la ville et empêcher quiconque d’y pénétrer, aidé par l’un de ses amis. Ces deux-là vont se retrouver en poste le jour où un militaire se présente au poste, totalement affamé, cherchant un endroit pour se reposer. Un terrible dilemme se dresse alors devant eux, face à ce soldat demandant l’asile.
Roman centré sur la personnalité des personnages, mais aussi sur l’ambiance de cette cité particulière avec une tension savamment construite qui prend de l’ampleur au fil des pages. On y voit les réactions des populations face à cette situation particulière, comment ils se retrouvent déstabilisés par les évènements qui s’enchaînent.
On retrouve les qualités d’écriture de Thomas Mullen que l’on connaissait, pour rendre le livre prenant à la lecture au travers d’une intrigue qui ne se construit pas sur des actions débordantes mais sur des personnages dans un contexte historique précis, une fois encore très bien décrit. On ne s’ennuie pas en lisant ce livre, on s’interroge même beaucoup sur cette notion de confinement, dans un livre paru en 2006 et une actualité récente qui s’en rapproche. |