Lecture théâtro-musicale par Ophélie Lehmann et Clément Séclin dans une mise en scène de Clément Séclin.
Pour "NYX - Récital (I)", Ophélie Lehmann et Clément Séclin ont choisi de faire entendre cinq lettres de cinq femmes artistes : Camille Claudel, Marilyn Monroe, Marina Tsvétaïéva, Emily Dickinson et Frida Kahlo.
Cinq moments poignants de recueillement que les deux artistes, dans une ambiance nocturne et intime, délivrent avec talent et passion dans un dispositif très sobre : seul un pupitre et des instruments occupent l'espace comme pour plus de proximité, dans les éclairages délicats de Sébastien Roman.
C'est tout d'abord la lettre que Camille Claudel écrit à son frère Paul depuis l'asile où, à la demande de sa mère et de Paul elle a été internée. Une Camille Claudel à bout de forces mais lucide sur les manigances dont elle a fait l'objet pour l'écarter.
Internement qu'aura vécu également Marilyn Monroe qui, de sa nuit terrifiante où elle est plongée, lance un appel à l'aide à son confident le docteur Greenson.
La composition musicale de Clément Séclin accompagne magnifiquement ces témoignages de souffrance d'icônes mondiales dont on ressent l'extrême fragilité par la grâce de la lecture d'Ophélie Lehmann, totalement incarnée, qui donne des frissons.
Avec un langage corporel très expressif et de belles variations sur la voix, la comédienne parvient à donner des tonalités différentes à chacune de ses cinq femmes, tout en restant dans la même urgence. Elle est impressionnante de douleur et de vérité.
Les lettres de Marina Tsvétaïéva, Emily Dickinson et Frida Kahlo, chacune avec leur paysage intérieur qu'on perçoit admirablement, complètent ce tableau.
Clément Séclin, exceptionnel guitariste, apporte son univers constellé de nuances pour un moment hors du temps.
Un récital qui sait ménager des silences et construire une intimité propice à ces confessions intimes d'où transparait, commune à ces cinq artistes, une assourdissante solitude. |