Comédie de Pierre Tré-Hardy, mise en scène de Sara Giraudeau et Renaud Meyer, avec Sara Giraudeau et Patrick d'Assumçao.
Sous la nappe, une silhouette recroquevillée en ombre chinoise. Elle est prisonnière dans cette pièce en sous-sol, retenue par cet homme qui dit l'aimer mais la fait passer pour folle et évoque les décisions d'un docteur invisible.
Elle passe tout son temps aux tâches ménagères dans la peur de son retour et de ses réactions, ne vivant que pour l'enfant qu'il lui a fait qui dort dans la pièce d'à côté et qu'on ne voit jamais. Quand le ménage est fait, elle se prend à rêver de l'horizon et de la liberté.
C'est le 1er mai. Le bouquet de muguet qu'il rapporte tous les ans à cette date la fait pleurer, lui faisant réaliser qu'une année de plus de captivité s'est écoulée.
Inspiré notamment de l'histoire de Natascha Kampusch et d'autres faits divers, "Le syndrome de l'oiseau" de Pierre Tré-Hardy décrit les derniers moments d'une séquestration et parvient à mêler de façon brillante réalisme et poésie.
Sara Giraudeau qui met en scène ce texte avec Renaud Meyer incarne cette jeune femme qui ne connaît même pas son âge, enlevée par cet homme quand elle rentrait de l'école il y a des années.
Les mécanismes de défense qu'elle met en place, mués par son instinct de survie sont infiniment poignants. C'est un hasard miraculeux qui va lui offrir la chance de communiquer avec l'extérieur.
Le duo formé par Sara Giraudeau, qui campe cette jeune femme, à la fois encore dans l'innocence de l'enfance et dans la lucidité de sa condition, et par Patrick d'Assumçao, glaçant en tyran domestique, est sensationnel.
La mise en scène parvient à éviter le sordide pour insuffler des réels moments de beauté dans ce drame. L'environnement sonore remarquable conçu par Bernard Vallery contribue à l'angoisse sourde qui se développe dans le décor aussi réaliste qu'étouffant de Jacques Gabel. L'ensemble confère à ce huis-clos une tension inouïe.
Porté par ce duo d'exception, ce thriller sombre et oppressant est un moment de théâtre inoubliable. |