Cet ouvrage d’histoire faisait parti de ceux que j’attendais le plus depuis que j’avais eu connaissance de sa publication. De par le sujet qu’il aborde, j’aime beaucoup l’histoire du 20ème siècle mais aussi tout ce qui concerne les totalitarismes.
Aux manettes de cet ouvrage sur l’un des pires dictateurs de l’histoire de l’humanité se trouve Joshua Rubenstein, un spécialiste des affaires internationales, et notamment de la Russie soviétique et post-soviétique. Les derniers jours de Staline est son dixième ouvrage.
Le 5 mars 1953 au terme d'une agonie interminable digne d'une tragédie shakespearienne, Staline meurt. C’est une des femmes de chambre qui prend l’initiative d’ouvrir la porte de sa chambre (ce qui lui était interdit sans autorisation de Staline) car il n’avait pas donné signe de vie de la journée. Elle le découvre effondré sur le sol, dans sa tenue pour dormir. Les médecins le déclarent mort en milieu de soirée. Le Vojd a tellement dominé la vie du pays que sa mort soulève une immense vague de chagrin et désoriente beaucoup de monde.
Le Kremlin est alors hanté de sourdes craintes d’une nouvelle purge contre des membres de son présidium. Les tensions avec l’Ouest sont de plus en plus alarmantes : après trois années de combats, la guerre de Corée se poursuit sans répit, tandis que les armées américaines et soviétiques se font face dans une Allemagne divisée. À cette même période, au mois de janvier, une nouvelle administration américaine, conduite par le président Dwight D. Eisenhower et le secrétaire d’État John Foster Dulles, prend ses fonctions avec l’intention de "refouler" le communisme, pour se retrouver en fait aussitôt confrontée aux héritiers de Staline et à une série de réformes inattendues.
Ce livre s’ouvre sur le récit de ses dernières heures – avec la description des scènes dantesques de ses funérailles, en présence des partis frères – et remonte dans le temps jusqu’au 19e Congrès du Parti, en octobre 1952, quand le "Petit Père des peuples" prononce son dernier discours en public. Puis il aborde l’hiver 1952-1953, qui voit éclater l’affaire des médecins et se déployer une vaste campagne contre les Juifs d’URSS. Ensuite, il explore la manière dont la presse soviétique et américaine couvre sa disparition et les réactions de la nouvelle administration Eisenhower aux changements dramatiques que traverse Moscou. Car la mort de Staline ouvre une lutte finale pour le pouvoir, qui se conclut sur l’arrestation de celui qui fut longtemps le chef de la sécurité du dictateur, Lavrenti Beria, en juin 1953, point final de ce grand livre.
Joshua Rubenstein mêle avec rigueur et d'une plume alerte l’analyse géopolitique, le récit dramatique des événements, la chronique des individus, afin d’éclairer cet événement capital qui a changé l'histoire du monde. L’année 1953 qu’il nous raconte est passionnante, fruit d’un travail de recherche conséquent. On comprend parfaitement comment l’URSS a fait une sorte de synthèse de ce que fut Staline et sa politique tout en continuant une partie de son héritage, montrer comment un système totalitaire a pu évoluer tout en se maintenant. |