Quel bonheur que de retrouver un nouvel ouvrage de Lionel Shriver ! Vous ne connaissez pas encore cette auteure ? Il est alors grand temps de vous rattraper, notamment avec Propriétés privées et Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes, un recueil de nouvelles et un roman.
C’est un roman qu’elle nous propose en ce mois de janvier, un roman dans lequel on retrouve l’ironie, l’acuité et la tendresse que l’on connaît de cette auteure qui aime provoquer avec intelligence. C’est un vrai plaisir de lire Lionel Shriver qui manie l’humour à merveille, qui nous touche aussi par l’histoire qu’elle raconte, tout en nous faisant réfléchir sur notre rapport à la vieillesse.
L’histoire se déroule à Londres, dans les années 1990. En rentrant de l’enterrement de son père, Kay réalise deux choses : elle n’a pas pu pleurer tant elle s’est sentie délivrée et jamais elle ne supportera la même fin de vie. C’est donc autour d’un verre qu’elle et son époux Cyril en viennent à sceller un pacte. Pas question de faire vivre à leurs proches leur inéluctable dépendance. C’est décidé, le jour de leurs quatre-vingts ans, ils partiront ensemble. Médecin et infirmière, tout est prêt pour ce jour J autour d’une boîte de médicaments qui repose sur le frigidaire.
2020, Kay est devenue une décoratrice d’intérieur très appréciée, Cyril a pris sa retraite. Kay minimise volontiers ses douleurs arthritiques, Cyril fait semblant d’être mal en point. Arrive le soir de leurs quatre-vingts ans. Comme ils se l’étaient juré, ce soir, ils prendront tous ces tranquillisants accumulés patiemment et mourront ensemble. À moins que…
A moins que…. Lionel Shriver n’envisage tout une sorte de scénarios possibles qui évitent ce qu’ils avaient prévu. L’ouvrage dévoile des chapitres sur leur vie de couple, les sentiments qu’ils se portent, leur réflexion sur la vieillesse qui évolue. Les univers alternatifs dévoilés par l’auteur sont véritablement un petit bonheur de lecture. L’auteur conserve sa manière intelligente de critiquer tout le business qui existe sur la fin de vie mais aussi l’absurdité de la course à la jeunesse eternelle.
A prendre ou à laisser est donc un roman explosif à la construction originale et efficace. Lionel Shriver livre douze variations pour explorer notre rapport à la vieillesse et l’art délicat de se préparer à la fin. |