Seul en scène conçu et mis en scène par Laurent Fréchuret et interprété par Maxime Dambrin.
La compagnie stéphanoise du Théâtre de l'Incendie propose une adaptation par Laurent Fréchuret des oeuvres d'Arthur Rimbaud, notamment "Un coeur sous la soutane" et "Les lettres du voyant", ainsi que quelques uns de ses poèmes les plus touchants pour raconter les débuts du précoce génie de la littérature de 15 à 20 ans (avant qu'il ne s'embarque pour ses voyages au bout du monde).
Derrière un rideau de fils noir, une rangée de bougies au sol permet de distinguer le violoniste assis qui accompagne le spectacle, intervenant aux moments cruciaux. En effet, à chaque représentation, un musicien (harpiste, saxophoniste...) vient improviser sur scène. Ce soir-là c'était le talentueux violoniste Yovan Girard dont l'archet vrillait lentement les cordes en une longue et étrange plainte.
Le jeune séminariste, en délicatesse avec l'ambiance bourgeoise de cette petite ville et l'institution, fait part de ses premiers émois à travers le récit de son errance dans un monde dont il a du mal à adopter les conventions et qui amplifie ses envies d'ailleurs.
Maxime Dambrin est Arthur Rimbaud. Dans un émerveillement permanent devant le verbe, celui-ci transmet on ne peut mieux toute la complexité du génie de Charleville-Mézières, écorché-vif en rébellion contre la rigueur janséniste. Il en fait une confession émouvante, drôle, impudique et extrêmement bouleversante.
Constamment surprenant, il est un jeune poète maladroit et touchant dont la part d'enfance jaillit à chaque phrase et qui fait vivre avec tous ses sens la poésie de Rimbaud en une prestation hallucinée et impressionnante. Il a indéniablement la grâce.
Laurent Fréchuret, dirigeant au cordeau le prodigieux comédien rend avec "Le Pied de Rimbaud" un magnifique hommage à "L'homme aux semelles de vent" et fait de ce moment précieux aux nombreuses fulgurances, un spectacle extraordinaire. |