Comédie dramatique écrite et mise en scène par Clément Hervieu-Léger, avec Juliette Léger et Daniel San Pedro.
Sur la scène, un banc vert. Comme ceux qu'on trouve dans les parcs et jardins de la ville de Paris... et pas Place de la République, où il n'y a pas de bancs, mais quelques barres de bois où l'on peut, inconfortablement s'asseoir.
La pièce-conversation imaginée par Clément Hervieu-Léger est donc totalement... imaginaire. Qu'un homme de 45 ans (Daniel San Pedro) rencontre de nos jours une femme de vingt ans de moins que lui (Juliette Léger) sur un banc de la Place de la République, après lui avoir pris d'elle un Polaroïd sans son consentement, est une parfaite utopie à l'ère "Me Too".
Malgré tout, pendant une heure, va s'en suivre une conversation à bâtons rompus bien remplie. Ils évoqueront l'un et l'autre leur amour commun pour Rimbaud, leur présence déjà dans ce lieu sans banc le jour où il fallait "Etre Charlie" et mille autre choses, dont leurs principaux morts respectifs. Ils s'amuseront, plat de résistance et clou du spectacle, à dénombrer leurs contacts inutiles sur leurs portables.
A priori, "Place de la République" ne cherche pas à concurrencer les grands dialogues de l'histoire du théâtre. Clément Hervieu-Léger revendique un moment de connivence inter-générationnelle. Une petite pause loin du bruit de la rue (même si l'on entend un instant les voitures autour de la place).
On aurait pu croire qu'il y aurait au cours de la pièce une évolution des relations entre les deux personnages mais, sans trop ruiner le suspense, on peut déjà annoncer que non. Echangeront-ils leurs "06" ? Quand on s'entend immédiatement si bien, ne serait-ce pas du gâchis de ne pas le faire ? Là au moins, on ne dira rien.
Cette bulle de savon, ce voyage dans l'éphémère, se suit sans ennui. Avec peu d'éléments, des acteurs très convaincants dans la bienveillance, Clément Hervieu-Léger prône la tolérance et l'empathie. Savoir partager un banc, c'est déjà améliorer le monde. Un petit pas vers plus d'humanité. |