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Théâtre de la Colline  (Paris)  janvier 2023

Comédie dramatique écrite et mise en scène par Milo Rau, avec An Miller, Filip Peeters, Leonce Peeters et Louisa Peeters. 

Après "Grief and Beauty" qui en était le second volet, voilà "Familie", le premier moment de la "Trilogie de la vie privée" de Milo Rau.

Si "Grief and Beauty" interrogeait des personnes qui avaient été confrontées à la mort et faisait le portrait d'une femme dont on suivait en vidéo la fin de vie, "Familie" est le récit des derniers moments d'une famille dont les quatre membres vont se suicider en même temps.

Si l'on a découvert le travail de Milo Rau avec "Grief and Beauty", on en perçoit plus clairement les constituants dans "Familie". Il faut dire que formellement les éléments mis en place sont plus clairs et plus schématiques. Comme dans un "Columbo", on suit d'emblée un chemin tout tracé : la disparition de la famille est annoncée et l'on est là pour découvrir comment les choses se sont passées.

Tout commence en off sur une série de "j'aime" formulés par chaque membre du quatuor. Ces petits plaisirs qui font une vie commune, une vie "delermienne" où l'on recense l'essence de la "banalité du bien". Ici on aime regarder la pluie qui tombe où le père faire la cuisine. Rien de bien méchant, rien qui fasse penser au "cauchemar climatisé", à un ennui morose et abyssal qui donnerait envie de mourir.

Milo Rau pénètre dans la famille au moment de son dernier repas. Un repas totalement ritualisé et inutile où l'on ne se parle pas beaucoup, où l'on ne dit même pas de "vérités définitives". La mère cite Flaubert, le père parle d'Hugo Claus.

On pourra y voir des allusions à ces deux moralistes, à leurs points de vue désespérants sur la société. On pourra n'y voir aussi que des citations qui viennent dans la conversation. Car rien de l'acte fatal ne transparaît de ce qui va advenir, et rien ne l'explique. Pourquoi manger avant de mourir ? Pourquoi la mère dit-elle encore à l'une de ses filles, "on ne lit pas à table" ?

Comme dans "Grief and Beauty", la vidéo finit par l'emporter sur le reste. La grande maison située à l'arrière de la scène ressemble assez à celle de "Grief and Beauty". On y aperçoit derrière les fenêtres la famille en plein dîner. Mais l'attention du spectateur est happé par ce qui surplombe cet étage de la maison et qui pourrait en constituer le second : un grand écran vidéo où est apparemment filmé ce qu'on ne voit pas distinctement au premier.

Les acteurs ont les mêmes poses que ce qu'on distingue en train de se dérouler en direct. Est-ce vraiment un filmage vidéo en direct où les acteurs jouent-ils avec une assez grande précision ce que la vidéo a déjà filmé et qui a été monté selon la volonté du metteur en scène. On serait justifié à le penser puisque, à un moment, on a à l'écran des scènes où les deux grandes filles sont enfants et jouent ensemble. Intercaler ces scènes du passé avec des scènes en train d'être filmées serait assez compliqué.

Toujours est-il que l'on regarde plus souvent l'écran, "bigger than life", que le réel enfermé dans la maison. On y revient seulement pour voir chacun des membres de la famille aller et venir hors de la maison pour déposer des objets et en faire un tas avant de voir le père suspendre les quatre cordes. Dès lors, on suit en parallèle se nouer le drame puisqu'on aura en vidéo les deux filles dans leur chambre en plein sanglots, chacune un petit chien dans les mains et murmurant "j'ai peur".

Milo Rau est d'une terrible efficacité dans cette séquence. On ne peut que comparer, sans qu'il soit désavantagé, à la fin des "Virgin Suicides" de Sofia Coppola. Il n'épargne pas la scène de pendaison, avec un effet saisissant "live", quand on voit les quatre corps suspendus un bon moment les pieds dans le vide. Dès lors, c'est sûr, Milo Rau est aussi nu que ses personnages sont morts : il aime le spectaculaire. Ce que le cinéma ne peut produire - la "vraie" mort en direct - il en fournit une possibilité vraisemblable.

Dans "Grief and beauty", on assistait au dernier souffle d'une femme en plein suicide assisté, ici on voit quelques longues secondes des acteurs apparemment en danger de mort. Quand tout est achevé, sort d'outre-tombe et résonne la lancinante et envoûtante ballade de Léonard Cohen, "Who by fire". Alors sur le grand écran défile, comme au cinéma, un générique qui se conclut comme jadis par un "FIN", révélant les grandes ambitions de Milo Rau, par ailleurs, déjà auteur d'un film.

On applaudira donc la performance et l'on attendra le troisième épisode du triptyque pour savoir définitivement si Milo Rau a quelque chose à délivrer derrière sa forme parfaitement efficace.

 

Philippe Person         
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