Comédie dramatique d’Anton Tchekhov, mise en scène Galin Stoev, avec Suliane Brahim, Caroline Chaniolleau, Sébastien Eveno, Catherine Ferran, Cyril Gueï, Côme Paillard, Marie Razafindrakoto (ou Elise Friha) et Andrzej Seweryn.
Galin Stoev a revu, en collaboration Valérie Ferrère, la partition de "Oncle Vania" d'Anton Tchekhov, tragi-comédie sur les thèmes des amours transis et des vies inaccomplies, le vide existentiel, l'absence de spiritualité et de projet de vie, notamment par l'instillation d'inserts textuels en language contemporain usant d'un vocabulaire vulgaire au sens d'ordinaire.
Il la met en scène en conservant l'argument et le découpage scénique originaux mais s'affranchit de toute contextualisation pittoresque, même si les costumes confectionnés par Bjanka Adžic Ursulov mixent les références stylistiques, pour la dispenser dans un singulier univers.
En effet, posé sur une plate-forme en bois, il ressort au no man's land, éventuellement entrepôt désaffecté ou salle des fêtes abandonnée, avec quelques chaises pliantes, un percolateur-citerne de bureau version actualisée du samovar, un piano droit, des pneus et un micro sur pied.
La jeune Sonia (Marie Razafindrakoto) et son oncle Vania (Sébastien Eveno) triment et vivent chichement dans la proprieté foncière familiale dont le revenu est remis à leur père et beau-frère (Andrzej Seweryn), homme imbu de lui-même et professeur auréolé du prestige de l'intellectuel.
Désormais en retraite et suite à la baisse des rentes permettant d'assurer son train de vie à la capitale, celui-ci entreprend de revenir s'y installer en compagnie de sa séduisante et jeune nouvelle épouse (Suliane Brahim), ce qui va bouleverser le quotidien et les esprits de la maisonnée incluant la grand-mère (Caroline Chaniolleau), la vieille nourrice (Catherine Ferran), un ouvrier bidouilleur de machines musicales (Côme Paillard) et un habitué, un médecin désenchanté et écologiste (Cyril Gueï).
Galin Stoev indique avoir conçu son opus comme "champ de bataille" mais, tout en optant pour le tragi-comique, n'use ni du théâtre illusionniste ni du théâtre d'incarnation.
Car dans la scénographie sur estrade conçue par Alban Ho Van évoquant le théâtre de tréteaux, les protagonistes de ce huis-clos destructeur manquent, hors celui de Sonia avec son "lamento" conclusif, de densité psychologique et d'humanité sensible en intervenant tels des acteurs qui, chacun dans un registre différent, fait son numéro sur le mode "trois petits tours puis s'en vont".
La distribution est judicieuse avec des comédiens aguerris dont l'interprétation s'avère en adéquation avec ce parti-pris qui concourt à une approche singulière que, par ailleurs, Galin Stoev indique avoir placé en résonance avec l'éco-anxiété contemporaine, au spectateur d'apprécier de sa pertinence.
Et peut-être de la cause animaliste avec l'intervention sur scène de trois gallinacées, de superbes coucous de Rennes, qui ne finiront pas en poule au pot. |