Selon les croyances populaires pétries de préjugés et d’idées toutes faites, et pas forcément justes, un shamane est un type de préférence vieux, qui vit tout seul dans une hutte, dont il ne sort qu’en de rares occasions, pour aider un élu désigné par une prophétie des âges anciens. On dit sorcière pour les femmes. Shamane, c’est aussi le nom du roman de Marc Graciano, un auteur unique.
Unique, parce que le shamane de son histoire est une femme. Una donna un peu sauvage, autonome et indépendante, sa maison est un camion, ses escaliers sont les buissons. Le roman suit non seulement la femme dans son quotidien, mais il est un prétexte au retour à la nature.
Certes, l’expression ne manque pas de promesses plus ou moins bohèmes, elle est aussi immédiatement liée aux grands espaces vides de foule, aux arbres, aux cailloux, aux étoiles et à tous les potes à poils et à plumes de Blanche Neige (peut-être pas les nains…).
Et c’est là que Marc Graciano se démarque, car il décrit également à merveille le froid, la solitude, les bruits insolites et les bestioles, de l’étrange moelleux d’un tapis de mousse à la grâce d’un coléoptère en vadrouille.
Et l’amour, la fusion, la volupté et les échanges de fluides. Et la mort, l’inutilité d’une enveloppe corporelle sans vie, le silence des chairs devenues insignifiantes. Shamane est une expérience de lecture qui ravive des envies de magie noires et réveille les fantômes qui nous hantent.
Que vous soyez accro au bitume ou que vous parliez à vos plantes vertes, le roman de Marc Graciano ne vous laissera pas de glace. Son style et son histoire vous laisseront un goût de sorcellerie dans les naseaux, peut-être une manière de regarder différemment ce que nous avons fait de nos forêts, peut-être une envie de vivre en phase avec un vieux rêve, peut-être même qu’il éveillera un furieux besoin d’étreindre un arbre ou de batifoler dans une forêt. Shamane ouvre des possibles en racontant les gestes. |