Comédie dramatique écrite et mise en scène par Jean-Baptiste Amann, avec Olivier Brunhes, Alexandra Castellon, Julien Geffroy, Suzanne Jeanjean, Lisa Kramarz, Caroline Menon-Bertheux, Rémi Mesnard, Yohann Pisiou, Samuel Réhault et Marion Verstraeten.

Dix acteurs et un lieu unique : une salle des fêtes définie comme un grand espace avec au fond une scène dont le rideau n'est pas tombé puisque cette salle est selon les principes qui la définissent une salle polyvalente aux usages multiples.

Et l'on va en savoir davantage au cours de l'année et ses quatre saisons (avec - on n'y coupera pas - l'inévitable Vivaldi à chaque rendez-vous trimestriel) pendant lesquelles on suivra son activité et les relations entre tous ceux qui s'y seront impliqués.

Dans "A bread factory" (2018), le cinéaste Patrick Wang racontait l'histoire d'une salle au fin fond d'une Amérique vraiment profonde, dans laquelle s'étaient investies deux femmes pour en faire un lieu de sociabilité et de culture. Baptiste Amann reprend exactement le même principe puisque, dans "Salle des fêtes", ce sont aussi deux femmes qui s'aiment qui ont retapé l'endroit. Elles sont venues avec le frère de l'une d'elle, écrivaine et vont s'entourer pour développer leur projet d'une bande d'habitants de la petite ville où elles ont jeté leur dévolu.

Baptiste Amann réussit brillamment tous les changements saisonniers qui font de la salle des fêtes un lieu d'exposition ou de réunion, voire une piste de danse. En revanche, on sera moins séduit par cette dizaine de personnages qu'il a créés en les caractérisant avec force poncifs. Ainsi, l'écrivaine à l'origine de ce projet convivial n'est pas très convaincante quand elle parle d'elle-même, de son frère ou de son amie...

L'auteur a hésité entre le réalisme et la fantaisie. Au lieu de se laisser aller, il a voulu qu'ils paraissent vraisemblables. Ainsi, les voilà pour la plupart partisans de la décroissance, bobos un peu excessifs, mus par des préoccupations d'époque sans que cela ne leur donne plus de vérité que s'il les avait imaginés tout autrement.

Sans doute, aurait-il été préférable qu'ils parlassent moins, un peu à l'image du spectacle "le Bal", ce beau travail de Jean-Claude Penchenat. Ici, on est heureux d'avoir du "vrai" théâtre, avec un grand nombre de personnages que Baptiste Amann a voulu tous rendre intéressants.

Malheureusement, on le répète, chaque comédien doit défendre son rôle en exprimant souvent des lieux communs qui en réduisent l'intérêt. Néanmoins, ils font preuve d'une grande bonne volonté, d'une certaine abnégation pour surmonter le handicap des dialogues et donner de la vie à cette petite communauté culturelle.

On s'y attache donc en faisant fi de quelques longueurs inutiles. "Salle des fêtes" est à l'image de son sujet. On y vivra des moments de complicité et d'émotion et d'autres à côté de la plaque, ratés ou ennuyeux. Mais, au bout du compte, c'est bien là l'intérêt d'une "salle des fêtes" ouverte à tous les genres et tous les champs : être une auberge espagnole du bon et du mauvais goût.

Entre expériences risquées et spectacles faciles, entre hauts émouvants et bas vulgaires, ce que décrit Baptiste Amann n'est pas loin de ce que veut dire culture dans bien des villes de taille moyenne.