Comédie dramatique de Marjorie Frantz, mise en scène de Salomé Villiers, avec Chloé Berthier et Marjorie Frantz.
Le sequel théâtral au roman épistolaire "Les Liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos conçu par Marjorie Frantz s'avère une réussite tant pour la qualité de l'écriture que pour la sagacité de l'intrigue, la finesse de composition dramatique et la densité psychologique des personnages.
Sobrement intitulé "Merteuil", il revêt la forme d'un huis-clos féminin entre les deux "rescapées" de la partition originale relatant, dans le cadre de la pratique de sociabilité amoureuse des élites du 18ème siècle ayant viré au libertinage, une bataille du vice et de la vertu déclinée en un jeu de pouvoir tragique.
Quinze ans après les faits, Madame de Merteuil, la manipulatrice instigatrice d'une vengeance par personnes interposées qui fut consommée au delà de ses prévisions, reçoit une mystérieuse et anonyme invitation à laquelle elle se rend en raison de son contenu comportant le nom du vicomte de Valmont, son partenaire de turpitudes tombé au champ de l'amour qui tue au sens premier du verbe.
Elle émane de Cécile de Volanges, une de ses victimes instrumentalisées, en quête d'une reddition de comptes avec une motivation dont l'auteure ménage la révélation à la faveur d'un suspense à doube détente qui enrichit et dynamise un opus de déployant en une confrontation circonstancielle assortie d'un échange proto-féministe sur la condition féminine certes de ce temps, mais à la néamoins résonance contemporaine, ressortant au théâtre de conversation.
Dans un décor de boudoir à l'atmosphère feutrée instillé par le subtil travail de lumières de Denis Koransky et sous la direction avisée de Salomé Villiers, les deux interprètes en élégants costumes d'époque confectionnés par Jérôme Pauwels dispensent une émérite prestation dans une passionnante joute en trois actes qui captive le public.
Magistrale, Marjorie Frantz campe l'implacable et sadienne Madame de Merteuil dont les ans n'ont émoussé ni la prestance ni le sens de la répartie aussi perfide que cruelle et, magnifique dans l'émotion contenue, Chloé Berthier incarne l'ingénue à la blessure traumatique sans résilience devenue une femme résolue et déterminée à préserver l'avenir.
Et elles mènent de belle manière cet épilogue fictionnel. |