Récit théâtral écrit et mis en scène par Marine Bachelot Nguyen, avec Angélica Kiyomi Tisseyre-Sékiné et la participation de Tran To Nga.
Marine Bachelot Nguyen présente avec "Nos corps empoisonnés" un d'autant plus passionnant récit théâtral sur le thème des risques écologiques et plus précisément l'écocide, avec pour corollaire la guerre chimique, qu'il combine drame individuel et théâtre documentaire dans une approche qui n'est pas celle d'un scénario dystopique mais d'une réalité contemporaine inscrite dans l'Histoire.
Celle des années 1960-1970 au cours desquelles lors de la guerre du Vietnam les Etats Unis ont non seulement pilonné ce pays et utilisé le napalm comme bombe incendiaire contre des civils mais ont procédé à des largages massifs de 75 millions de litres de défoliant à base de dioxine surnommé "agent orange" sur les forêts et les cultures pour exterminer par la mort ou la famine avec des effets sont irrémédiables sur la faune, la flore et l'humain en raison de sa nature cancérigène et tératogène.
Ce récit est inspiré par celui autobiographique d'une résistante vietnamienne rescapée nommée Tran To Ngaà qui, aujourd'hui encore, ne cesse d'attraire en justice les géants de l'agrochimie qui ont permis cette hécatombe en modifiant la composition de ce produit à des fins militaires et accéléré sa production.
Marine Bachelot Nguyen a conçu un monologue sensible dispensé sous sa direction avec une remarquable sobriété par Angelica Kiyomi Tisseyre qui intervient dans un dispositif scénographique comprenant en fond de scène la projection de quelques images d'archives et une création vidéo de Julie Pareau.
Celle-ci qui a également élaboré l'espace de jeu tel une installation plastique évoquant avec une pette pièce d'eau et un tapis de la terre carbonisée de laquelle émergent des plantes fânées et de petites pousses d'une verdure chlorotique, Celle-ci qui a également élaboré l'espace de jeu tel une installation plastique évoquant avec une pette pièce d'eau et un tapis de la terre carbonisée de laquelle émergent des plantes fânées et de petites pousses d'une verdure chlorotique, un jardin vietnamien ayant subi la dévastation signifiée par un bidon noir dont les bougies-lucioles comme les lumières crépusculaires d'Alice Gill-Kahn apportent à l'opus une dimension mémorielle de requiem.
Un très beau travail de résistance et de lutte contre l'oubli d'un passé qui doit éclairer le présent. |