Le Quatuor Ellipsos et Thierry Escaich perpétuent cette tradition du mariage du saxophone et de l’orgue (qui n’a rien à voir avec celui de la carpe et du lapin), deux instruments pas si éloignés que cela, dans ce beau disque, enregistré lors d’un concert à la Philharmonie de Dresde, intitulé à propos : Fusion.
Les musiciens se connaissent depuis longtemps, ils ont ce sens de l’ouverture, ce même intérêt pour ne pas enfermer leurs instruments respectifs dans un répertoire ou une esthétique particulière.
C’est donc un grand brassage qui nous est donné à entendre : le passé et le futur, le(s) saxophone(s) et l’orgue, J.-S. Bach (Concerto for violin and oboe in C minor, BWV 1060, Concerto For Organ No.4 in C Major, BWV 595, Choral Nun komm, der Heiden Heiland, BWV 659), Thierry Escaich (Improvisation no.1, n°2 et n°3, Trois poèmes pour orgue, Tango virtuoso), R. Schumann (Fugue No.5, Op.60 'On B.A.C.H'), A. Vivaldi (L'Estro Armonico, Op.3, Concerto No.8 in A minor, RV 522, (Transcr. J. S. Bach), A. Piazzolla (Fuga y mysterio (from Maria de Buenos Aires), Fugata). Tout semble se mélanger, se fondre, se transformer dans une belle harmonie, où les improvisations de Thierry Escaich pourraient être comme des liens.
Une énergie et une modernité se dégagent de ce disque. Cela impose une réflexion sur le phrasé, sur l’alliage des timbres, une écoute mutuelle et partagée, un travail subtil sur les arrangements (pour sonner avec une réelle cohérence, pour trouver le son juste). Et c’est une réussite.