Ce qui frappe d’emblée, c’est l’esprit de Rachid Taha qui semble comme voler au-dessus de ce disque, l’envelopper de ses bras, sourire, danser et rigoler à gorge déployée. Des éclats de rire, mais pas de la moquerie naturellement, de la fête, du plaisir. L’universalité de la culture, la langue arabe dans le rock, le raï, le blues, l’électro... Une urgence, une énergie, comme une déferlante. Une question de métissage.
Le trio Rodolphe Burger (guitare / voix), Mehdi Haddab (oud électrique), Sofiane Saidi (voix, claviers, basse...) né des cendres du Couscous Clan, c’est comme un ogre qui avale tout. Cette musique, tu ne l’écoutes pas, elle t’attrape par le col, et tu as tout intérêt à suivre la cadence. Une musique hirsute, mal peignée, avec quelque chose de presque sulfureux qui vient de l’estomac et du cœur et regarde sa liberté droit dans les yeux. On parle quand même de blues, de rock et de raï. Virtuose aussi au passage.
On retrouvera des titres retravaillés issus du répertoire de Rodolphe Burger : "Mademoiselle", qui devient "Vous êtes belle (Mademoiselle)" ou "Marie", rebaptisé "Embrasse Marie pour moi", de Kat Onoma : "Le Désert" transformé en "Sahara Malakoff" ou "Que sera votre vie" en "La Terre Feu" et deux reprises : "I Drink Alone" de George Thorogood et "Hey Baby" de Jimi Hendrix.
Des volutes et des stries, de la danse, des coups de poings, des envolées. Des pulsations comme celles des chants des esclaves, des lignes mélodiques comme des arabesques.
Le kif !