Comédie burlesque de Pierre Meunier interpétée par Pierre Meunier, Hervé Pierre et Jeff Perlicius.
Conçue et mise en scène par Pierre Meunier, la partition de "L'Homme de plein vent" s'avère singulière tant par sa thématique que par sa dimension théâtrale.
Et à apprécier au regard de sa présentation par l'auteur qui la qualifie d'épopée contemporaine de l'impossible victoire d'un duo incarnant poétiquement la dialectique du lourd et du léger, du révolutionnaire et du conformiste, de l'utopie et de la raison".
En d'autres termes, elle constitue "une déclaration de guerre à la pesanteur" pour lutter contre "les forces d’écrasement, de nivellement, [qui]sont à l’œuvre partout, à tous les étages de l’existence".
Celle-ci est proférée par Leopold Von Fligenstein, figure quichottienne qui aspire à la liberté totale et au détachement des contingences du monde ordinaire en s'affranchissant de la gravité terrestre, véhicule métaphorique du refus et du rejet du principe de réalité, pour devenir un "volhomme".
Non un homme doté des capacités aérodynamiques de l'oiseau mais un corps éthéré flottant dans l'espace et dont l'inextinguible quête n'est pas sans évoquer par la gravité de sa loufoquerie et sa poétique celle des déambulations bucoliques du romancier et poète suisse-allemand Robert Walser.
Il est assisté dans ses laborieuses, périlleuses et burlesques tentatives par un compagnon aussi indéfectible que bienveillant, un bon vivant ayant les pieds bien plantés sur la terre ferme nommé Kutsch, un ancien contrôleur des poids et mesures idolâtre de son poids kilo-étalon, avec lequel il compose un métaphysique duo clownesque quasi beckettien.
En la forme, l'opus s'inscrit dans le cadre de la vocation de la Compagnie La Belle Meunière fondée par Pierre Meunier dédiée à la création artistique en relation avec la matière et les éléments et se déploie dans un impressionnant décor-machine élaboré par la scénographie et plasticienne Marguerite Bordat.
Celle-ci emprunte à des équipements métallurgiques d'un autre siècle entourant une immense toile peinte mobile faisant office tant de ciel que de voile maritime dont la mise en mouvement est actionnée in situ par Jeff Perlicius.
Au jeu, entendu de manière polysémique et comportant une conséquente dimension physique pour illustrer les expérimentations empiriques de ces anti-héros de l'impossible, les aguerris et émérites comédiens, Pierre Meunier, le lunaire qui tente désespérément de s'envoyer en l'air, et Hervé Pierre, le truculent terrien, livrent une ébouriffante performance. |