Conte moderne de Fabrice Melquiot, mise en scène d'Emmanuel Demarcy-Mota, avec Charles-Roger Bour, Céline Carrière, Jauris Casanova, Valérie Dashwood, Philippe Demarle, Edouard Eftimakis, Sandra Faure, Gaëlle Guillou, Gérald Maillet et Mélissa Polonie.
Bouli Miro, le garçon trop gros, et sa cousine, la marrante Petula, qui l'aime ainsi, reviennent sur scène. Les héros de Fabrice Melquiot n'en sont pas à leur coup d'essai.
C'est la troisième de leurs aventures qui est adaptée à la scène, après "Bouli Miro" (2002) et "Bouli redéboule" (2005), qui avaient eu les honneurs de la Comédie française et faisaient entrer le "théâtre pour enfants" dans la maison de Molière.
Pour mémoire, en 2009, dans une première version de "Wanted Petula", déjà présentée au Théâtre des Abbesses, c'est Pierre Niney qui jouait Bouli, aujourd'hui repris par Edouard Eftimakis. Tout de suite, on s'interrogera si "théâtre pour enfants" est approprié à celui-ci...
Dès le début de "Wanted Petula", on constate que la prose de Fabrice Melquiot ne fait jamais dans le gnangnan et que ce qu'il raconte est sans concession et ne cherche pas à "disney-iser" les chères petites têtes blondes ou pas.
On y parle d'une histoire de molaire surréaliste et l'on promet aux dentistes, à tous les dentistes, des coups de hachoir matérialisées par une silhouette en ombre chinoise armée de l'objet contendant... Si on est là dans du "théâtre pour enfants", on peut dire que tout le public peut, à condition comme disait Trenet "d'un peu d'imagination", appartenir à l'espèce "enfants".
En tout cas, Emmanuel Demarcy-Mota ne s'est pas non plus posé de questions. A la mise en scène pour ce troisième épisode, qui ne nécessite pas d'avoir vu ou lu les précédents, il s'amuse véritablement et a compris ce que beaucoup de ses collègues n'ont jamais compris : si l'on s'adresse aux enfants, il faut du rythme, du rythme et encore du rythme.
Tant pis s'ils ne "comprennent" pas tout, ce n'est pas en s'appesantissant sur un gag qu'il sera mieux perçu. Mais, si tout s'enchaîne, comme ici, ils seront happés par l'histoire et ne s'apercevront pas que des choses leur auront échappé.
Comme ces nouvelles aventures se déroulent pour une grande part dans l'espace, la fantaisie d'Emmanuel Demarcy-Mota est sans entraves. Il pourra mélanger bien des genres, entre humour et poésie, et ambiance circassienne.
Quant on a une histoire où interviennent, parmi bien d'autres, Neil Amstrong et Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry (mais façon contrefaçon), une Marguerite Duressort ou un Jo Moudougenou, on se doute qu'il y a une belle latitude à saisir pour s'amuser en amusant les dits enfants.
Comme dans tout spectacle à destination d'un grand nombre d'enfants quand même en l'âge de l'être, il faut surligner tous ses personnages par des costumes colorés et extravagants. Le travail de Corinne Baudelot et Fanny Brouste est vraiment remarquable et l'on en sait déjà l'essentiel sur chacun avant qu'il parle. Pareillement, la scène est toujours plongée dans un bel écrin de lumières grâce à Yves Collet et Christophe Lemaire.
Autour d'Edouard Eftimakis, parfait ludion sur qui tout repose, ses camarades sont tous à l'unisson. Et d'abord, l'adorable Mélissa Polonie, en Petula Clark. Pas un ne semble être là par hasard ou par dépit, comme trop souvent dans le théâtre pour enfants fait à l'arrache. Au contraire, ici, ils sont enchanté d'appartenir à la distribution d'un des meilleurs spectacles de l'année 2023. |