Comédie romantique d'après des oeuvres de Georges Courteline conçue et mise en scène par Clémence Carayol, avec France Renard, Michaël Louchart et Yann Cotty.
Accompagnés d'un accordéoniste gouailleur à casquette (Yann Cotry), René (Michaël Louchart) et Marguerite (France Renard) vont chanter les années 1910 qu'ils vont traverser dans une ambiance qui se veut montmartroise.
Si la guerre de 1914 est hélas synchro avec la période décrite, tout le reste est historiquement fantaisiste... A commencer par la première chanson, la fameuse "Complainte de la butte", créée en 1954 par Cora Vaucaire pour "French Cancan", le film de Jean Renoir (auteur des paroles sur une musique de Georges Van Parys)
D'autres chansons, "Un mauvais garçon", "Comme de bien entendu", "Lorsque tout est fini", seront elles aussi hors sujet puisque composées dans les années 1930 pour des films allemands ou français.
Mais, franchement, les deux interprètes auraient eu tort de ne pas inclure ces chansons phares et d'en faire des rengaines simili-montmartroises pour leur spectacle musical. Elles font plus vraies que les vraies et se marient parfaitement avec les textes de Courteline qui les relient les unes aux autres. On sait que le dramaturge fréquentait les goguettes et les petits sketches choisis donnent bien le ton cherché entre René aux faux airs de Bourvil et Marguerite qui cherche sa voix du côté d'Arletty.
Deux personnages eux aussi hors époque. Tant mieux, car on ne les voit ni l'un ni l'autre dans la peau d'Aristide Bruant ni dans celle de Fréhel, première manière, quand elle s'appelait encore Pervenche. Tant pis pour la vérité de la butte et de ses culbutes. On appréciera les "boires " et les déboires de ce couple qui aime se chamailler au crin-crin de l'accordéon.
Avec sur scène quelques éléments bien signifiants (une table de bistro, un banc et un réverbère), Clémence Carayol anime efficacement le plateau. Pas de temps morts, tout s'enchaîne avec grâce et intelligence. On n'est pas dans une simple revue où s'aligneraient les chansons à la queue leu leu.
On aime des personnages qui sont, il ne faut jamais l'oublier, construits par Courteline et qui en ont l'épaisseur. Les deux chanteurs, qui sont aussi des acteurs, réussissent à les faire passer aisément du rire aux larmes et réciproquement. On est donc en bonne compagnie et le mélange des genres fonctionne parfaitement. Il serait idiot de s'en priver.
"Les Amants de Montmartre" peut se voir à tout âge et ce voyage dans une chanson "française" devenue, pour les raisons que l'on a expliquées, intemporelle fera du bien à tout le monde.