C’est le retour du true crime chez Sonatine, avec un ouvrage dans la lignée de deux autres de grandes qualités sortis ces dernières années, American Predator et Black Bird.

C’est une enquête terrifiante au sein de la communauté LGBT de New-York que nous propose Elon Green, un journaliste d’investigation qui a collaboré avec le New-York Times, l’Atlantic et Le New Yorker. Last call est son premier livre qui repose sur un minutieux travail d’enquête concernant une affaire totalement occultée par la presse américaine, permettant de donner une seconde vie aux victimes, qu’il retrace avec une rare empathie. Last Call a déjà remporté l’Edgar Award du meilleur true crime. On comprend donc bien pourquoi les éditions Sonatine ont fait le choix de nous proposer la publication de cet ouvrage traduit par Héloïse Esquié.

L’affaire se déroule au début des années 90 quand la ville de New-York connaît une série de meurtres non élucidés. Toutes les victimes sont des homosexuels, sans lien apparent entre eux, si ce n’est qu’ils ont tous fréquenté le Townhouse, un piano-bar prisé par la communauté LGBT.

La police, notoirement homophobe, semble alors peu encline à résoudre ces affaires, au risque de fragiliser davantage encore une communauté souvent contrainte de vivre cachée et désormais sous la menace d’un insaisissable tueur en série, dont la traque va s’avérer longue et semée d’embûches.

L’ouvrage s’appuie sur une vraie empathie pour les victimes en prenant soin de retracer leur vie avec précision tout en restant très pudique. L’enquête aussi est précise, extrêmement fouillée et très intéressante même si elle soulève des moments douloureux et poignants.

L’enquête est le miroir d’une époque, d’une société, particulièrement ici autour de la communauté gay aux Etats-Unis à l’époque où le SIDA faisait rage, inquiétant les populations au point de mettre au pilori une communauté accusée de tous ces maux. L’ouvrage a donc une dimension sociologique non négligeable, au-delà de sa dimension d’enquêter. L’ouvrage étant d’ailleurs construit autour de deux parties, une première qui porte sur les crimes et la description sociologique et une deuxième centrée sur l’enquête. Evidemment, la deuxième est beaucoup plus haletante que la première qui a néanmoins le grand mérite de nous "planter le décor" pour mieux comprendre la suite.

L’ouvrage porte donc sur une enquête qui a mis beaucoup de temps à être résolue, pour une raison particulièrement incroyable (no spoil évidemment, il faut lire cet ouvrage si vous aimez les true crime). C’est vraiment un excellent livre dans la lignée des deux cités en début de chronique. On suppose maintenant que les éditions Sonatine continueront de nous proposer ces true crime fascinants et passionnants, pour notre plus grand plaisir de lecture.