Film réalisé par Helena Klotz. France. 1h35. Drame. Avec Claire Pommet, Niels Schneider, Sofiane Zerlane, Grégoire Colin, Anna Mouglalis.
Voilà un "petit" film qui introduit peut-être une "grande" actrice en la personne de Claire Pommet, connue dans la chanson sous le nom de "Pomme".
Quand on l'écoutait, on avait l'impression que c'était une frêle jeune fille, là, en un plan, celui où elle détruit une vitrine pour s'emparer d'un costume, on découvre un être volontaire, violent, androgyne et très féminin à la fois.
Présente pratiquement tout le temps à l'écran, Claire Pommet impose son personnage. Ce qui n'est pas évident : trader en devenir, génie de la finance, elle n'en est pas moins chargée d'un père et d'un petit frère et vit dans une banlieue réservée aux militaires et aux policiers.
De plus amoureuse (ou pas) d'un Nils Schneider un peu beauf, de retour d'une guerre africaine, elle est freinée dans son désir de changer de cadre social.
Si on la considère comme une candidate "transfuge de classe", toute l'histoire de "La Vénus d'argent" est sa première expérience (malheureuse) sur une route qu'elle sait, ou qu'on sait pour elle avant qu'elle n'en découvre le pot-aux-roses, semée d'embûches.
Celui qui va l'endurcir est celui qui la fait rêver, un mystérieux financier qui lui ouvre, un moment, les portes d'un monde interlope où l'argent est tellement roi qu'il en devient une construction intellectuelle, entre Capitole et Roche Tarpéienne.
Cet homme de l'ombre, brutal et raffiné, est interprété par le rappeur Sofiane Zerline. Comme sa consœur chanteuse, on risque de le revoir souvent.
"La Vénus d'argent" d'Helena Klotz va vite, au rythme du scooter de Pomme traversant à la fois la banlieue et les arcanes de la Défense. Plein de ressources, le film permet de s'introduire dans des endroits où va rarement le cinéma, comme cette cité où vivent entre eux les forces de l'ordre, ou les milieux caritatifs en synergie avec la grande finance, incarnés ici par une Anna Mouglalis, elle aussi agent du destin fabuleux mais très aléatoire de Pomme.
Dans "La Vénus d'argent", Helena Klotz aime le côté obscur de la société, l'envers du décor. On imagine qu'elle peuplera ses prochains d'autres personnages singuliers et de sociétés ultra secrètes qui adouberont ou rejetteront d'autres rêveurs, d'autres ambitieux à l'image de Pomme.
Pour l'heure, elle a réussi un film français peu commun, dans la lignée d'un Ken Chapiron avec "La Crème de la Crème", par exemple.
Elle aura contribué également aux premiers pas d'une actrice chanteuse. On pariera que celle-ci n'en restera pas là...