Transposition dramatique du roman éponyme d'Honoré de Balzac adaptée et interprétée par Pascale Bouillon

Chaque nouveau spectacle est pour la comédienne-adaptatrice Pascale Bouillon l'occasion de placer la barre un peu plus haut, d'éblouir de ses talents et de se faire formidable passeuse de grands textes littéraires.

Après Tchekhov, Zweig ou Zola, voici qu'elle se confronte au roman méconnu d'Honoré de Balzac : "Une fille d'Eve" : un texte étoffé et complexe dont les circonvolutions sont infinies.

Il décrit, à travers la passion en 1830 de Marie-Angélique de Granville pour le fantasque journaliste Raoul Nathan, de multiples thèmes, de la condition de la femme jusqu'aux mélanges troubles de la politique, la presse et la finance.

On retrouve toujours la belle faculté chez la comédienne de camper en un instant chaque personnage avec précision. Expressions et gestes sont parfaits pour ne jamais perdre le spectateur.

Avec habileté, elle rend visible chaque décor et chaque personnage du texte de Balzac. Il lui suffit d'un timbre, d'un accent ou d'un phrasé distincts pour incarner avec maestria les multipes protagonistes de cette intrigue enchevêtrée.

Avec deux superbes robes et quelques judicieux éléments de décor qui transportent le spectateur dans l'ambiance de salons de l'époque, Pascale Bouillon déroule magnifiquement les intrigues et faux-semblants dans les arcanes de la société aristocratique parisienne au 19ème siècle.

Les jeux de séduction et les calculs des uns et des autres sont mis en évidence. Cette ample fresque offre un idéal terrain de jeu à la comédienne qui, avec une belle virtuosité technique, déroule une trame qu'elle parvient à rendre aussi vivante que claire.

Et l'on prend fait et cause pour ce beau personnage de femme, dans l'ombre de son mari, parvenant enfin, avec cette aventure amoureuse, à exister et à se rendre "utile". Une photographie passionnante sur la place de la femme à l'époque et les moeurs parisiennes.

Encore une fois, Pascale Bouillon réussit une magnifique performance. Et l'on ne s'en lasse pas !