Le Souffle de l'Hybris
(Autoproduction) avril 2024
Le bord de la mer, des pas sur le sable, des nappes de pianos vont et viennent comme la marée chatouille la plage, une voix, profonde, continue, intense. AA & Les Oneiroi forgent leur identité musicale dans l’onirisme, l’évasion, le rêve, l’ailleurs, l’enfer. Le Souffle de l’Hybris est le second album d’Alexandre Alquier, accompagné de Florian Claude, Benoit Courribet, Eric Sarrade et Eric Becker.
Entre ombre et lumière, illusion et fantasmes, Le Souffle de l’Hybris est une ode à la démesure, un plaidoyer à ce vertige de réjouissance malsaine à voir un adversaire échouer, cet orgueil légèrement méprisant face à un concurrent en mauvaise posture. Quand l’arrogance arrive avec ses gros sabots et que Tempérance et Modération foutent le camp, juste avant que les immortels rappliquent pour punir ces comportements indécents, la némésis.
Mais le mal est fait. Hybris, fils d’Erèbe, petit-fils de Chaos mais aussi frère d’Eros, le mec à poil qui tire des flèches avec une précision aléatoire (vu qu’il a les yeux bandés, ce n’est pas super pratique), donc même si le mal est fait, tout n’est peut-être pas perdu.
Bref, Hybris né du Chaos reste synonyme de désordre et de ruine, il incarne la tragédie. Nous lui sommes débiteurs de nos passions dévorantes, de nos éloquences dramatiques, quand on en fait des tonnes à en claquer les portes. Ça fait même parfois jaser dans les chaumières et colporter dans les demeures, la médisance, les rumeurs, les langues fourchues… Quand l’Hybris souffle sur les braises pour qu’elles s’attisent.
J’avoue, je m’y baigne parfois, avec une certaine exaltation, mais surtout sans culpabilité aucune, et c’est exactement ce qu’est l’album, un souffle de démesure sans complexe, un élan primaire au lobe frontal défectueux (celui qui nous fait sourire avec diplomatie quand l’organisateur de la formation sort des post-it), et franchement, ça libère, ça soulage, c’est même exutoire tendance bombe au poivre. On verra plus tard pour la punition au doux nom de Némésis.
L’univers est certes sombre, très sombre, mais il garde une flamboyance inattendue. Scénarisé en 5 compositions, l’album est un voyage dans les pas d’Eurydice jusqu’aux Enfers, mais avec un poisson lanterne, chacune des 14 pistes garde un point lumineux, comme un balancement réconfortant ou une main tendue. A consommer, sans Modération, vu qu’il a décampé au premier frimas. Pour voyager, s’évader, s’envoler, ou se venger.
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