Réalisé par Vincent Capello, Drame. 1 heure et 15 minutes. Sortie le 19 juin 2024. Avec Rohid Rahimi, Sandor Fintek, Mujib Rahimi, Iris Bry, Sébastien Lalanne, Dominique Mac Avoy.

Pour son premier long métrage, Vincent Cappello suit deux jeunes afghans arrivés en France après avoir traversé l'Europe. En attente d'obtenir leur statut de réfugiés et ne pouvant normalement pas travailler, les deux frères n'adoptent la même attitude. Le grand frère, Rohid, cherche des petits boulots pour survivre et en profite pour apprendre le français et comprendre le nouveau monde qui sera désormais le sien. Le petit frère, au contraire, se renferme sur lui-même, joue aux jeux vidéos et reste toute la journée enfermé dans la chambre où ils vivent.

Attention, le film n'est pas un documentaire mais une fiction qui prend parfois des allures de documentaire. Vincent Cappello réussit avec beaucoup de subtilité à jouer sur les deux tableaux. Sa caméra accompagne Rohid dans ses démarches, ses rencontres, ses déambulations d'un petit boulot à un autre, à la conquête d'un billet de vingt euros qui devient souvent un de dix quand il sort de la poche du bon français profitant de la situation.

Elle le filme aussi dans son histoire personnelle : sa relation compliquée avec ce frère qui ne s'adapte pas à sa vie parisienne, son amitié avec Sandor roi de la débrouille, sa découverte de la poésie et de la peinture et puis ses appels en Afghanistan où sa mère, avocate, n'est pas vraiment l'idéal féminin des Taliban, ses émois amoureux avec Iris...

C'est une vie finalement bien remplie et qui pourrait lui fournir plus tard de beaux souvenirs... s'il n'y avait la menace en arrière-fond qui pèse sur sa mère là-bas et le risque bien réel que lui et son frère soient chassés d'ici.

Vincent Cappelo n'a pas voulu jouer sur le pathos. Rohid est un personnage vaillant, prêt à combattre et ce n'est pas un hasard s'il se met, en cours de film, à la boxe anglaise. On ne sait pas s'il est un acteur professionnel mais il a de grandes dispositions, notamment pour intérioriser ses peurs et ses angoisses. Son visage paraît souvent impassible mais en quelques secondes et en quelques changements d'expression il peut virer à l'inquiétude.

Film court, jamais démonstratif, "Nouveau monde" de Vincent Cappello ne s'autorise pas de scènes faciles. On ne verra ainsi aucun policier, aucun plan où les deux héros seraient contrôlés ou risqueraient d'être reconduits à la frontière.

A l'heure où l'on peut s'attendre au pire, "Nouveau monde" est un film plein d'humanité qui a foi en l'homme sans trop s'illusionner. On peut écrire que Vincent Cappello a cherché un ton juste entre réalité et fiction et qu'il traite son sujet avec justesse et retenue.

En découle forcément une œuvre émouvante et sincère.