Réalisé par Pablo Cotten et José Rozé. Comédie, dram. 1 heure 20 minutes. Sortie le 10 juillet 2024. Avec Andranic Manet, Alassane Diong, Alba Gaïa Bellugi, Carla Audebaud, Nina Zem, Arcadi Radeff et la voix de Noée Abita.

Depuis le confinement, on n'a jamais autant vu de films ayant pour sujet l'école, le collège ou le lycée.

Au tout début de "La Récréation de Juillet" de Pablo Cotten et Joseph Rozé, on est plongé dans une salle de classe, mais on découvre qu'il s'agit de la dernière heure de cours de l'année scolaire pour un prof de musique, Gaspard, qui, à l'occasion, apprend à ses collégiens que c'était pour lui sa première année en tant qu'enseignant.

On se dit qu'on va donc sortir du collège pour suivre ses longues vacances d'enseignant... Eh non ! C'est là où le film devient original : à peine, le collège fermé que Gaspard y revient... suivis de quatre, puis cinq de ses amis, tous dans la même classe, il y a quelques années, dans ce même collège... Ils ont décidé de squatter l'endroit pour revivre leur passé commun.

Nostalgie à la Bruel époque "Rendez-vous dans dix ans" ? Non. Le prétexte est plus tragique et tire-larmes : la sœur jumelle de Gaspard est morte dans un accident en Argentine et, dans une lettre, a souhaité que son frère et ses ami(e)s se retrouvent pour une semaine en son hommage dans le lieu où s'est passé l'essentiel de leur vie commune...

On ne cachera pas que "La Révolution de Juillet" est un film clivant : il faut accepter le dispositif, comme les personnages, et les voir adultes régresser au niveau de leur préadolescence (batailles d'eau et d'extincteurs, rires niais et ping-pong garantis). Si on ne joue pas le jeu, on aura du mal à ne pas décrocher.

Au contraire, si on marche, on risque d'être ému devant ces jeunes gens pleurant la première morte de leur génération, l'injuste disparition de quelqu'un qui ne demandait qu'à vivre et pas à être victime du hasard meurtrier.

Andranic Manet embarque le quintet dans une aventure dont on n'imagine pas la résolution chaotique mais finalement très réussie. Il y a chez lui quelque chose qu'on a perdu dans le cinéma français : le physique et la candeur d'un jeune premier. On dirait une espèce de Gérard Philipe d'antan, ou de sa doublure plus moderne, Francis Huster. C'est dire s'il y a du poétique et du pathétique dans ce garçon rêveur aux yeux bleus. On aimerait qu'il poursuive sa carrière avec ce côté lunaire à la grand Meaulnes perdu depuis qu'aucun ado ne lit plus le roman d'Alain Fournier.

Les cinq autres participants à ce retour au collège ont eux aussi beaucoup de qualité. On espère que ce film, où ils ont de vrais rôles bien écrits et tous quelque chose à défendre, leur ouvrira plus grandes les portes du cinéma ou du théâtre.

Et pas seulement à ceux qui sont neveu, fille ou sœur d'un comédien ou d'une comédienne déjà célèbre.

"La Révolution de Juillet" sort opportunément un jour de juillet. On y tire un feu d'artifice, on y voit des jeunes gens heureux malgré toutes les épreuves qu'ils vont vivre et qui seront propices à de nouveaux souvenirs post-scolaires...

On pourra le comparer aux œuvres de Mikhaël Hers, "Memory Lane" et "Ce sentiment de l'été" qui abordaient des thèmes comparables, avec sans doute plus de "sérieux". N'empêche que le film de Pablo Cotten et Joseph Rozé saisit lui aussi quelques traits d'une génération, une génération déjà différente de celle de Hers, parce que marquée au fer rouge par le Covid et les années Macron.