Spectacle de et avec Mélissa Prat.
"Il n'y a pas d'amour heureux" chante- t-elle en préambule, avant de s'installer dans le cadre rectangulaire (mi-ring, mi-cage) suspendu par un système de poulies auxquelles elle s'accroche.
Les mots d'Aragon mis en musique par Georges Brassens chantés a capella laissent entrevoir un récit douloureux. C'est le cas puisque c'est d'une relation d'emprise dont il s'agit et dont Mélissa Prat fait le récit minutieux.
Tout commence par la rencontre et le coup de foudre avec un séducteur auquel elle ne tardera pas à succomber. Mais celui-ci se révèle baratineur, mythomane et escroc. "Métanoïa, le présage du papillon" c'est l'histoire d'une jeune fille qui découvre l'amour et s'y brûle.
Telle une guerrière avec sa gouaille et son langage direct, la comédienne happe d'entrée le spectateur avec un monologue uppercut dans lequel elle analyse lucidement cette relation toxique.
Ce spectacle vaut surtout pour la prestation impressionnante de Mélissa Prat. On est ébloui par l'énergie qu'elle déploie et la façon dont elle utilise le dispositif (qu'elle a elle-même conçu) qui l'entoure comme un vaisseau tanguant auquel elle s'arrime avant qu'il ne coule, emmêlée dans les contradictions de cette histoire dont elle cherche à se dépêtrer.
Même si le propos est déjà vu, ce qui touche ici c'est la façon dont elle incarne physiquement le texte, comme une circassienne ou une boxeuse qui vient livrer un combat vital. La mise en scène de Bénédicte Allard est éminemment singulière et bluffante.
Dans un spectacle qu'elle tient avec maîtrise et assurance du début à la fin, Mélissa Prat parvient à faire d'un drame ordinaire, un manifeste contre les violences faites aux femmes et pour la libération de la parole.
Puissant et saisissant !