Spectacle de Clément Viktorovitch et Ferdinand Barbet mis en scène par Ferdinand Barbet, avec Clément Viktorovitch.
"Tout ceci est une fiction" nous rappelle-t-on en préambule. En effet, toute ressemblance avec des personnes existantes serait évidemment purement fortuite dans cette satire de la politique écrite avec Ferdinand Barbet et dispensée par Clément Viktorovitch.
Lui-même joue dans "L'art de ne pas dire" Julien Duroy, un homme de l'ombre, conseiller en communication qui, à l'occasion de son limogeage par le président à cause de ses frais de coiffeur, révèle avec cette conférence comment il a réussi à façonner un homme ordinaire pour en faire un homme d'état.
Spécialiste du décryptage du langage politique, auteur du livre "Le Pouvoir Rhétorique" et chroniqueur dans de nombreuses émissions, Clément Viktorovitch connaît les procédés rhétoriques utilisés par les hommes politiques pour manipuler l'opinion et se fait un malin plaisir de les divulguer.
Il décortique par exemple phrase par phrase le discours du candidat, analysant ce qui est rempli de vide (et c'est la plus grande part du discours) ou non. A la façon d'un Franck Lepage, il dénonce la langue de bois en politique et les abus de langage.
Cultivant l'art de l'éloquence, il explique comment ce candidat fictif a été construit de toutes parts depuis le choix du costume et de la cravate jusqu'à la préparation aux émissions politiques, avec un programme taillé sur mesure sur la base d'une étude de marché.
Dans une belle interaction avec les spectateurs qu'il fait jouer et à qui il explique quelques figures de rhétorique, Clément Viktorovitch tient la scène avec un bel abattage et une vraie présence pour ce premier spectacle, mis en scène avec talent par son complice Ferdinand Barbet, qui est une réussite.
Plus qu'un spectacle, "L'art de ne pas dire", brillant et passionnant, est aussi un geste politique affirmé pour permettre au plus grand nombre de lire à travers les lignes. D'utilité publique donc...
Un spectacle à voir absolument.