Spectacle écrit par Clémence Baron mis en scène par Patrick Zard', avec Clémence Baron et Antoine Cafaro.
Clémence Baron est prodigieuse. Comme autrice d'abord. On le sait depuis "Accusé.e", "Fallacia" ou encore son seule en scène "Authentique". Elle a le talent pour raconter des histoires, parfois en y mêlant son propre vécu, et à en faire des spectacles vrais et sincères.
"Les Enfants du diable" n'échappe pas à la règle. Sur un sujet peu traité au théâtre : les enfants nés durant le règne de Ceaucescu et mis en orphelinats, elle a bâti un face à face d'une rare intensité et d'une constante émotion.
La scénographie est simple mais efficace : un vieil abat-jour et un fauteuil surmonté d'un châle brodé. Nous sommes à Bucarest. Dans ce décor qui donne immédiatement le ton, les retrouvailles entre le frère et la soeur sont un passionnant huis-clos où reviennent les souvenirs et avec eux, les griefs et les rancoeurs.
C'est lui Niki particulièrement qui s'avère froid. En effet, sa soeur, Veronica, maintenant chanteuse connue, a quitté la Roumanie, adoptée à l'âge de 10 ans par une famille française. Niki, dévoué, est resté au pays pour s'occuper de sa petite soeur autiste.
Par petites touches, Clémence Baron installe une intrigue solide et des rapports aussi tendus que vrais entre les deux avec finesse. Retrouver ses origines sera pour Veronica à la fois une épreuve et une révélation...
La pièce, bien documentée, sur une période noire (et méconnue) de l'Histoire est portée par deux comédiens aussi convaincants que bouleversants. Clémence Baron de sa belle voix grave et Antoine Cafaro, remarquable de sobriété et de puissance, forment un duo magnifique, fort bien dirigé par Patrick Zard'.
A travers un texte percutant, "Les Enfants du Diable" pose des questions sur les choix individuels, la transmission et le courage d'affronter ses démons.
Une très belle pièce qui ne pourra laisser personne indifférent et offre un exemple éloquent de résilience. Coup de coeur !