Pièce de Marivaux mise en scène par Jean-Paul Tribout avec Baptiste Bordet, Marilyne Fontaine, Emma Gamet, Agathe Quelquejay ou Lou Noerie, Thomas Sagols ou Anthony Audoux, Xavier Simonin et Jean-Paul Tribout.
Le Prince a fait enlever Silvia, une jeune paysanne qu'il veut épouser. Il la retient prisonnière dans son palais, tout comme Arlequin dont elle est amoureuse, dans une autre aile du château.
Jean-Paul Tribout, après avoir remarquablement mis en scène Arthur Schnitzler avec "La Ronde", s'attaque à un autre texte cruel de la même époque. Comme "La Ronde", la pièce de Marivaux publiée en 1724 est une critique sociale acerbe, elle explore les jeux de pouvoir et de séduction.
Sous des aspects de comédie, "La double inconstance" traite avant tout d'intrigues et de manipulations. Le personnage central est Flaminia, remarquablement interprété ici par Marilyne Fontaine, qui tient les rênes au palais avec habileté. La comédienne est parfaite de charisme et de machiavélisme dans le rôle.
Jean-Paul Tribout s'amuse à mettre en exergue, comme dans "Les Liaisons dangereuses", le duo manipulateur Flaminia-Le Prince, qu'il dépeint comme libertin, à l'instar de celui formé par la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont dans le texte de Choderlos de Laclos.
Baptiste Bordet donne au Prince toute son ambiguïté, mêlant séduction et des côtés plus sombres. Les autres comédiens sont au diapason : Emma Gamet est une Silvia pleine d'ardeur ; Agathe Quelquejay, une Lisette pleine de rouerie ; Thomas Sagols s'avère formidable de fantaisie en Arlequin. Enfin, Xavier Simonin et Jean-Paul Tribout, impériaux, montrent tout leur métier et complètent efficacement la distribution.
On passera sur les petits anachronismes dispensables (un mouchoir en papier ou une valise ronde pas d'époque) pour apprécier comme il se doit une version à la fois pertinente et percutante d'une belle finesse, qui met en valeur de la plus belle façon qui soit le texte de Marivaux et interroge sur l'amour.
Un spectacle d'agréable facture à découvrir sans tarder.
