Interview à deux voix (enfin à trois, car il y a moi !!!) :
An Pierlé et son compagnon, à la ville comme
à la scène.
Le charme de la chanteuse est indiscutable, tant sa joie et sa bonne humeur
illuminent l’interview. Son petit (voire gros) accent belge n’y
étant pas pour rien…
Vous êtes donc An Pierlé, chanteuse, et vous vous êtes
…
Koen Gisen. (NDLR : Conseil personnel : prononcez ‘Koune’.
Eh oui, c’est ça l’accent belge) Guitariste et producteur.
Voilà c’est ça. Je l’avais sur le bout de la
langue. Hum. Donc.
An Pierlé : on écrit les chansons ensemble. On fait la
musique ensemble et les textes sont de moi.
Vous travaillez ensemble depuis le début ?
AP : Non. J’ai commencé toute seule, avec le piano. Le
premier disque a été enregistré comme ça. Mais Koen
venait déjà choisir les versions, parce que c’était
un disque live. On avait vingt ou trente prises, et il choisissait les meilleures.
Et c’est comme ça que vous vous êtes rencontrés
? (NDLR : J’essaye dans la discrétion la plus totale de leur soutirer
des informations en vue d’obtenir un scoop pour Voici ou Gala)
AP : Non. On s’est rencontrés quand je faisais du théâtre,
on a fait une tournée dans toute l’Europe avec la pièce,
et on a appris à se connaître à ce moment-là. On
a habité ensemble très vite, et c’est comme ça qu’on
a commencé à travailler ensemble.
Et après tout s’est enchaîné…
AP : Oui. On a fait le choix de faire le deuxième album avec
Koen comme producteur, parce que je ne voulais pas faire deux fois la même
chose, c’est-à-dire chant + piano. Ce n’est pas intéressant
du tout.
KG : Et on voulait aussi faire les choses nous-mêmes, avoir un choix artistique
absolu, et ne pas dépendre d’une maison de disque.
De quand datait le premier album ?
AP : 1998. Il est sorti il y a un an et demi en Belgique, avec une
autre pochette. On a donc fait cet album il y a un an et demi.
KG : Et l’album est sorti à l’étranger par hasard.
Comme on est indépendants, on était obligés de chercher
des maisons de disques nous-mêmes. On était de plus en tournée
en même temps, donc ça faisait beaucoup de choses à la fois.
Cela explique le décalage entre la sortie de l’album en Belgique
et ailleurs en Europe.
AP : Et maintenant la grande tournée au Benelux est presque terminée,
donc on a le temps de vraiment se consacrer aux autres pays.
C’est la première tournée que vous faites en France
?
AP : On avait fait des concerts isolés, mais pas de vraie tournée.
KG : On se réjouit pour la tournée : Montpellier, Toulouse, Lyon…
Pourquoi chanter en anglais ?
AP : Pour le son, car le flamand est très difficile ! Et puis
personne dans le monde ne parle le flamand… (NDLR : C’est un bon
argument, effectivement…)
Les radios sont inondées de musique anglophone, plutôt que de musique
francophone, donc le choix est vite fait. On est très influencés
par l’anglais, et l’éducation musicale est faite en anglais.
Ça vient naturellement. C’est aussi une langue facile à
chanter.
KG : C’est plus difficile pour nous de trouver notre propre voix en français.
Qu’écoutez-vous comme style de musique ?
AP : Tout. On n’aime pas trop le New Métal, ni le Punk,
comme Sum 41 ou Limp Bizkit, Linkin Park.
KG : On écoute du classique, de la pop…
On aime beaucoup Gainsbourg, Miossec, Jean-Jacques Goldman, Françoise
Hardy, France Gall… mais surtout les Rita Mitsouko.
Comment vous vient l’inspiration, quand vous écrivez
?
AP : Ça peut venir à n’importe quel moment, dans
le tram, en marchant souvent, car quand on marche il y a un rythme et avec un
rythme on pense à des chansons.
KG : L’inspiration ça vient ou ça vient pas, mais après
le plus dur c’est de terminer les chansons. C’est du boulot, il
faut s’y mettre. Surtout pour les textes. C’est un travail lourd.
Pour ça il faut se mettre à un bureau, et travailler toute la
journée.
Comment situez-vous votre musique ?
AP : C’est difficile. On pique partout, donc c’est difficile
de cataloguer. On ne fait partie d’aucun mouvement. Surtout en live. Car
il y a une grande différence entre le live et la version studio. C’est
beaucoup plus fort, beaucoup plus expressif et beaucoup plus rigolo en live.
KG : On est vraiment un grand groupe live, et ça c’est génial.
On veut être capable de jouer sur le moment, suivant l’ambiance
qu’il y a dans la salle, suivant le public.
Donc on joue à la fois dans des théâtres et dans des grands
festivals. C’est toujours différent, et c’est génial.
Vous préférez la scène aux studios ?
AP : Oui. Mais ce n’est pas comparable. Il y a des groupes pour
qui le live ne sert qu’à faire vendre l’album. Pour nous
ce n’est pas le cas : c’est pour avoir un contact avec le public.
C’est un art en soi, de jouer en live. Ça donne beaucoup d’énergie,
et ça te donne aussi l’occasion de donner beaucoup.
Dans quels pays avez-vous joué, à part la Belgique et la
France ?
AP : En Hollande, en Afrique du Sud, en Angleterre, en Allemagne.
Les publics sont-ils différents suivant les pays ?
AP : Oui. Et la France est super, pour jouer. Il y a une chaleur,
et le public est attentif.
Après la tournée vous écrirez un troisième
album ?
AP : Oui, on est déjà en train d’écrire.
Car ça prend énormément de temps, notamment de finir les
chansons.
KG : En ce moment ça part un peu dans toutes les directions…
Mettrez-vous dans le prochain album des chansons que vous n’avez
pas pu mettre dans le deuxième (‘Helium Sunset’) ?
AP : Non, on les garde en stock, ou on les joue en live, en inédits.
Il y a un temps pour tout.
Car pour le troisième album on ira un pas plus loin, donc on ne peut
pas reprendre des chansons du deuxième. C’est un autre esprit.
Chaque album a une histoire, une ambiance, il y a une ligne directrice du début
à la fin.
Que représente la musique pour vous ?
AP : C’est une partie incorporée dans ma vie, mais ce
n’est pas toute ma vie. La musique c’est une manière de s’exprimer,
de sortir des trucs. D’autres font du sport…
C’est très important pour moi de jouer, car je m’amuse beaucoup.
La musique est-elle une forme de psychanalyse, pour vous
?
AP : C’est certainement un truc pour se connaître mieux,
pour formuler et nommer des sentiments. Mais c’est difficile de trouver
les mots exacts pour décrire ce que tu ressens, et après en faire
une histoire, pour pas que ça soit trop personnel, sinon ce n’est
pas intéressant pour les gens, qui doivent pouvoir voir leur propre histoire
là-dedans.
KG : C’est comme du sport, pour dégager de l’énergie
négative. C’est très soulageant.
On vous a souvent comparée à Tori Amos ou Kate Bush.
Qu’en pensez-vous ?
AP : C’est la comparaison la plus facile. Car il y a une fille
qui a un piano, qui a une voix assez haute et assez expressive. J’ai beaucoup
de respect pour Kate Bush, mais je connais mal son œuvre. Ce n’est
pas ma musique préférée.
Je trouve que notre musique se rapproche beaucoup plus de Roxy Music. En Angleterre
ils remarquent ça. Mais chaque pays voit autre chose.
Et en concert vous êtes assise, devant votre piano, sur un ballon.
Pourquoi ?
AP : C’est parce que j’ai mal au dos. En Suisse les enfants
sont assis sur unballon à l’école, pour être bien
droit. Et j’en avais un à l’école. Ça aide
aussi pour le chant.
KG : C’est beau pour les photos ! Ça brille bien. Et ça
permet de bouger plus, pour communiquer avec le public.
Et si vous deviez qualifier en trois mots votre musique ?
AP : Décadente, romantique, éclectique.
Voudriez-vous rajouter quelque chose ?
En chœur : On adore la nourriture et les vêtements français
!
AP : Non sérieusement on s’amuse vraiment sincèrement, et
c’est ça qui est le plus important. C’est super ce qui nous
arrive en ce moment, ça nous donne un futur, car on s’est battus
pour pouvoir faire ce qu’on veut faire. Et c’est difficile, car
les gens veulent toujours que tout soit lié à une mode.
KG : Et on fait de l’avant-garde pour le peuple !!!
(NDLR : C’était le mot de la fin…)
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