Dans la longue tradition ancestrale des devises absurdes et inutiles, on retiendra celle la : Un album, c'est une femme sous cellophane, l'homme préfère souvent celle habillée en beau packaging, avec le sticker bien en vu, la femme prête à être ouverte et sortie de son emballage, frémissant d'être introduite dans la fente du lecteur.
Band of Horses est dans une moindre mesure une femme désirable. Belle pochette, titre foutraque subliminal, Everything all the time (titre de circonstance vu la métaphore..), et un nom singulier. Oui mais. Une fois la femme conquise, les réveils sont-ils à la hauteur des espérances ? Le maquillage n'a-t-il pas coulé ?
Everything all the time laisse perplexe à la première, deuxième, troisième écoute. L'auditeur ne saurait dire si la lumière des spots, l'alcool ou la frénésie ambiante l'a incité à tort à choisir ce canasson. Peut-être ce je-ne-sais-quoi de resucée de Keane-je-me-prend-pour-Keane-et-je-met-de-la-reverb-sur-ma-guitare-ca-donne-un-effet-planant qui donne mal au cœur comme un aller Paris/Londres en ferry.
Et puis l'on arrête d'être le pourfendeur des mélodies faciles, les pistes défilent et ça et là point l'odeur de Mercury Rev et de son chanteur illuminé Jonathan Donahue, comme sur "The Great salt lake", si "positive" comme on dit dans le milieu. De là à crier au génie…
La dernière signature de Sub Pop tarde à imposer ses nuances, trop d'accords majeurs ("The first song"), et pas assez de ruptures, sentimentales et musicales. Ecouter Everything all the time, c'est baigner dans la candeur des sentiments heureux, s'y baigner jusqu'à la noyade tant la voix de Ben Bridwell est navrante de linéarité. Et ce micro en reverb', un vrai moment de torture pour qui n'a pas révisé ses gammes sur "Morning Jacket".
Confusion des sentiments humains, arpèges intimistes et banjo qui rentrent par l'entrée des artistes sur Monster. Les mélodies oscillent entre l'americana hawaien ("I go to the barn because I like the") et le folklore U.S., l'auditeur lui, pourrait toujours brosser l'équidé dans le sens du poil qu'il n'y trouverait qu'un cheval au regard vide. Et la dissection pourrait encore durer encore et encore, pour trouver à la racine "la même envie de communiquer le bonheur d'être artiste et voyager autour du monde pour rencontrer des gens fascinants".
Luttons pour un monde meilleur, où les bombardiers américains largueraient des tonnes d'albums de Midlake et Daniel Johnston sur les populations désoeuvrées, applaudissant la nation à l'arrivée des colis par voies aériennes. |