Il y a d’abord cette gueule sur la jacquette. Mélange improbable entre Ben Harper et le Kravitz. Et puis il y a la musique de ce jeune Niçois, Français que de nom, louchant sur la Motown et le Delta Blues, Medi and the Medicine Show.
Pour un premier album qui fait figure d’ovni dans la chanson francophone. Le garçon y chante en anglais, intégral, une musique positive, pas torturée. Contre-pied à l’industrie de l’hexagone qui tourne en rond, contre-pied au style tendance du moment (Rock facile et sans cible). Contre-pied avec les fantastiques collaborations de ce premier album (Dave Stewart à la production, copinage avec U2 et sa bande à Bono). Contre-pied vestimentaire baba bobo sans abus…Contre-pied.
Et le premier show médical de Medi prend sans qu’on y prenne garde. Un mélange, une addi(c)tion rapide aux substances utilisées par ce jeune savant peu flou sur ses ambitions. Proposer une alternative européenne à Ben Harper et Lenny Kravitz dans le style ô combien convoité et dangereux du rock mainstream à consonance Black & Blues.
Exercice périlleux dans lequel les deux précités ont brûlé leurs ailes sans vergogne pour y finir lessivés à fredonner des bluettes sirupeuses ou afficher leurs deadlocks cramées par trop d’after.
Bref. Si les premiers albums sont souvent le condensé d’une vie, celle de Medi s’avère déjà riche et passionnée. Et l’intro fulgurante de "Yeah Yeah" laisse l’auditeur sur place, pris dans le tourbillon de cet anglais maîtrisé sur le bout des doigts, ses guitares fulgurantes rentre-dedans, et disons le, ses accords faciles à mémoriser comme un "Hey Jude" d’une autre époque. Un single placé en ouverture prêt à appâter les majors et les lead-radios.
Le garçon a du coffre et du cœur, indéniablement, on l’imagine impatient de conquérir l’oreille de son auditoire comme lors de ses répétitions devant sa glace teinté d’émotions et de rêves éveillés.
C’est au delà de la production un brin putassière qu’il faut regarder, n’en déplaise à l’ancien faiseur de tube du Eurythmics. Medi chante avec sa voix passionnée, jetée, crachée, couvrant le reste de la prod’, et séduit d’emblée sur intro acoustique de "Tears to cry", très 90’. Des flash-forwards de black music dopées au rock s’imposent, et l’on pense autant à Prince qu’à Ben Harper, Seal, Lenny. Toute cette guerre des tranchées creusée dans le sillon artistiquement défendable de la décennie passée. Une production au violon, comme "Believe" de Kravitz justement. Une manière d’amener le chaland à son échoppe avec malice.
Un album de détente avec de la médecine douce. Le Niçois semble réaliser un rêve de gosse, côtoyer ses idoles en remplissant (déjà) l’Olympia, s’accompagner au piano, à l’harmonica et à la guitare comme un Dylan d’ébène. On cède à la facilité sur "Monday boy", ultra taillé pour la radio, et l’avancée dans l’album s’avère être un jeu de pistes entre one shot commerciaux et réels sursauts d’émotions ("Black hole day") chanté directement dans la réverb’ diluée par le micro.
L’album est-il écoutable dans son intégralité ? Poser cette question est en soi une réponse, Medi donne tout, connaît les classiques de Mac Cartney ("On the top of the world") et Ben Harper le grand frère. Manquerait un brin d’originalité pour surprendre l’auditeur exigeant ou blasé par les milliers de galettes sur la platine.
La production, hélas, avec ses guitares grasses si typiques du son anglais (Oasis en tête) ne rend guère hommage au français, qui comme tous les artistes doués fera sans doute plus parlé de lui à l’étranger.
To be confirmed. Comme disent les pros. |