Doublement perdu dans la masse en étant sur un label un peu confidentiel (mais de qualité), Monotreme, et noyé parmi toute la production folk moderne de ces derniers temps, cet album de Aaron Stout a toutes les chances de passer inaperçu.
Pourtant ce Queens live in a caskets est digne d'intérêt et propose quelques jolies perles folk un peu atypique tant dans la composition que dans la production.
Avec son étonnante voix qui donne l'impression à l'auditeur de partager une confidence (à moins que ce ne soit un dernier soupir de vie ?), Aaron Stout fait des merveilles. Etrange croisement entre Will Oldham et Chris Isaak (parfois les parties vocales semblent avoir subi un gros traitement de réverbération, comme si la prise de son avait été fait dans une cathédrale) il livre ici une folk de bouseux assortie de sons venus d'ailleurs dans une parfaite alchimie.
Quelques boucles de rythmiques dub par ci ("Talk out of turn"), un tempo rock par là ("The Coronation" qui ouvre l'album et pourrait d'ailleurs en donner au premier abord une fausse idée), viennent agrémenter des chansons impeccables et douces amères.
Cette impression de production hésitante entre le Lo Fi fait maison et la grosse cavalerie que l'on ferait venir en pleine pénurie de chevaux apporte indéniablement beaucoup charme à ce disque et donne une ambiance lourde à des chansons racées et fortes (même si les thèmes sont évidemment classiques, l'amour, la vie, et sa petite personne) qui pourraient néanmoins être interprétées dans leur plus simple appareil (guitare/voix) sans pâlir.
Queens live in caskets surprend de titre en titre, comme un jeu de piste, à prendre dans l'ordre ou dans le désordre. A l'image de la pochette assez mystérieuse, sur laquelle à la façon d'une gravure ancienne le visage de Aaron Stout semble être spectral, ce disque est envoûtant et offre là un bien bel objet country folk d'un garçon pourtant originaire de la grande ville (Brooklyn en l'occurrence) et qui sait manier mieux que quiconque ses tourments que sa guitare pour en faire des chansons magiques.
Un enchantement, un envoûtement, peut être même un ensorcellement ...
voilà ce qu'est ce Queens live in caskets. |